Instant de vie de Françoise
Un instant de vie
qui m’a marquée et que je souhaite partager, c’est cette rencontre de hasard avec Sizu et Fujio, couple de
japonais de Kyoto, dans un train en direction de Genève.
Une longue correspondance s’est établie entre eux et moi. Au début avec des dessins (le fameux «
empire des signes » de Roland Barthes), puis avec l’aide de deux françaises étudiant à Kyoto, l’une la
calligraphie, et l’autre, le kintsugi (technique de réparation de céramiques cassées)
Sizu et Fujio sont venus plusieurs fois en Europe, entre autres à Lyon, Fujio avec son béret sur la tête
et sa boussole pour se repérer !
En 1980, Fujio fait traduire une calligraphie, offerte par l’une des deux étudiantes françaises, et
placée sur un tokonoma*, au centre de son salon. « Sur les grands chemins il n’y pas de barrières »
et ont-ils rajouté : nous espérons que viendra bientôt l’époque paisible où il n’y aura plus besoin de
portes. C’était une invitation de leur part pour les rejoindre à Kyoto.
A mon arrivée, mes amis, en signe de bienvenue ont tenu à organiser, chez eux une cérémonie du
thé avec tout le rituel : pièce circonscrite pour l’évènement, port de kimonos confectionnés à cette
occasion, accessoires traditionnels ….
La cérémonie se déroule ainsi : présentation des bols à thé, merveilles de sobriété (vous pouvez en
admirer au Musée des Beaux Arts), lever le bol en signe de respect, le tourner légèrement, prendre
une gorgée de thé, complimenter le maître de cérémonie etc.….C’est très long !!!
Mais…instant de raffinement et de concentration….inoubliable …. !
Pendant un mois, j’ai pu visiter un grand nombre de temples, en particulier (et très régulièrement)
Nanzen- ji, où l’ayant atteint en vélo, je restais de longs moments, assise sur le tatami, contemplant
le jardin zen, fascinée par la pureté des lignes et la sérénité des lieux.
Le plus déroutant était de prendre les repas à genoux, sur une table posée à quelques centimètres
au- dessus du sol. Les murs étant constitués de matériaux très légers, je ne pouvais m’appuyer contre
pour me relever. De plus, pour accéder à de petits temples isolés (temples aux boucles de cheveux,
aux poupées cassées, aux sandales de paille), il fallait emprunter des escaliers très pentus. Certains
matins, je ne pouvais plus me relever. Heureusement, j’étais jeune !
J’ai pu aussi visiter une région spécialisée dans le travail de la laque : la péninsule de Noto . A cette
époque, très peu de touristes. J’ai donc dû poser maintes fois pour qu’ils puissent photographier ce
spécimen qui sera bientôt en voie de disparition.
La culture japonaise par sa philosophie, son art de vivre fait de simplicité et d’harmonie me fascine
encore aujourd’hui. J’ai apprécié de partager avec vous le souvenir exceptionnel de cet été qui fut
suivi d’une amitié qui aura duré plus de 20 ans.
Françoise T.
*Tokonoma : petite alcôve au plancher surélevé où l’on expose des calligraphies, des estampes, des
objets d’art.
Instant de vie
 

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