Les universités face au Covid

Regard d'Yves Livian
(Texte écrit avant le 30/10. Le nouveau confinement, comportant la fermeture physique des universités, ne fait qu'accentuer les questions soulevées.)

Sans avoir mené une enquête systématique, on peut tirer de contacts avec des collègues lyonnais, parisiens et montpelliérains quelques indications partielles.

Pendant le confinement, certaines facultés ont organisé la mise en ligne complète de la plupart des enseignements. Un gros travail a été accompli.
D'autres au contraire (on ne dira pas lesquelles !) sont restées paralysées. Certains de nos étudiants CPU se sont plaints de n'avoir eu aucune réponse de leur encadrant de mémoire ou thèse pendant cette période…

Les universités des zones d'alerte renforcée doivent réduire de moitié leur capacité d'accueil. Mais n'oublions pas que ce qui manque le plus aux universités (notamment à Lyon) c'est la place… donc cela veut dire que l'équivalent de la moitié de l'enseignement doit être fait en ligne. Chaque faculté invente son propre système (alternance hebdomadaire, dédoublement des amphis avec vidéo, passage total d'un cours en ligne…). Certains "travaux dirigés" (groupes de 25 à 35) se font dans des amphis, où l'espace est plus grand (donc la distance physique est respectée).Les cours en présenciels ont lieu avec masques (les enseignants parlent avec masques,quelquefois aidés par des micros.
Mais les amphis disponibles sont rares. Une certaine promiscuité est donc inévitable, au moins dans les couloirs et aux pauses. N'oublions pas non plus que l'université française doit accueillir en ce moment plusieurs milliers d'étudiants supplémentaires par rapport à 2019.

Le recours au "distanciel" est donc général (on parle "d'hybridation" des enseignements) : mais les enseignants les plus avancés (ceux qui ont commencé en mars/avril) avouent une certaine lassitude. Dans les conversations, ils disent tous leur espoir de revenir à un présentiel très majoritaire. Surtout que la plupart des universités n'ont pas le matériel suffisant (surcoût évalué à environ 3 millions d'euros par université, dans une situation financière déjà dégradée depuis plusieurs années).
Chaque université a donc dû inventer son système, revoir les plannings… une forte mobilisation a eu lieu… et est encore en cours en octobre/novembre.

Une inconnue : la réceptivité des étudiants aux cours en ligne et à l'hybridation. Comment vérifier que le message est passé, que les connaissances transmises ont été assimilées ? Les enseignants le verront aux "partiels" à la fin du trimestre… et nous peut-être aux difficultés dont nous parleront nos étudiants au CPU.

Il est bien sûr trop tôt pour tirer des conclusions : nul doute que le covid aura familiarisé les universités avec le distanciel sous toutes ses formes, et qu’il en restera quelquechose.Mais aussi que les enseignants et les étudiants ne souhaitent pas une réduction trop forte de la coprésence, jugée indispensable à l’apprentissage..et aux interactions qui constituent le cœur de la vie universitaire.


Retour à l'infolettre