Science et Diplomatie
Une nouvelle dimension des relations internationales

 

Robert Laurini recommande l'ouvrage de Pierre-Bruno Ruffini, paru aux Editions du Cygne.

http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-science-et-diplomatie.html

Les questions de science peuvent-elles influencer les relations diplomatiques entre pays ? La coopération scientifique internationale est-elle un facteur de paix ? Les chercheurs sont-ils de bons ambassadeurs de leur pays ? Le rayonnement scientifique est-il une forme particulière de l’influence culturelle sur la scène mondiale ? Les diplomates entendent-ils vraiment ce que disent les experts lorsqu’ils négocient sur l’avenir de la planète ? La diplomatie scientifique menace-t-elle l’indépendance du chercheur ? A quoi sert un attaché scientifique d’ambassade ?

Pour qui s’interroge sur les rapports entre la science et la diplomatie, les questions ne manquent pas et relèvent de registres variés. C’est à leur analyse qu’est consacré Science et diplomatie, premier ouvrage de synthèse paru sur ce sujet en émergence. Ce livre en organise la compréhension autour d’un fil directeur, celui de la « diplomatie scientifique », qui désigne l’ensemble des pratiques dans lesquelles s’articulent l’action des chercheurs et celle des diplomates. Ces pratiques peuvent être en relation directe avec les intérêts des  gouvernements : c’est le cas lorsque l’action des diplomates favorise la coopération entre chercheurs de pays différents (mise en place du projet ITER, appui donné par les ambassades à la coopération scientifique internationale…). C’est également le cas lorsqu'à l’inverse la science facilite l’exercice de la diplomatie, par exemple quand les relations diplomatiques entre certains pays sont tendues : durant la Guerre froide, les contacts entre chercheurs permettaient aux deux « blocs » de communiquer ; et aujourd’hui, la diplomatie américaine met en avant la coopération scientifique pour renouer les liens avec le monde arabo-musulman…. Mentionnons aussi le domaine de l’expertise scientifique, dans lequel les avancées de la recherche aident les gouvernants et les diplomates à préparer et à conduire les négociations internationales sur les enjeux majeurs que sont le changement climatique, la réduction de la biodiversité ou l’apparition de nouvelles maladies infectieuses. Plus largement enfin, la coopération spontanée entre chercheurs de pays différents, qui met en scène des acteurs autonomes (universités, instituts de recherche), peut s’inscrire de manière plus diffuse, mais réelle dans le mouvement d’ensemble de la diplomatie : il en est ainsi lorsqu’elle contribue à l’expression du soft power de la science, c’est-à-dire à conforter l’influence de certains pays sur la scène mondiale, et en définitive, à servir les intérêts nationaux.

L’auteur est professeur à la Faculté des affaires internationales de l’Université du Havre. Pour rédiger cet ouvrage, il a tiré parti de son expérience au sein du réseau diplomatique français, où il a travaillé comme conseiller pour la science et la technologie à Moscou puis à Rome (2007-2013).

Pour analyser et discuter les relations entre le monde des chercheurs et celui des diplomates, l’auteur s’est notamment appuyé sur les données collectées au cours de nombreux entretiens avec des acteurs de la diplomatie scientifique d’une dizaine de grands pays. Il s’est également appuyé sur de nombreux exemples pris dans l’histoire et dans l’actualité des relations internationales.

Pierre-Bruno Ruffini, Université du Havre

 

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