TEMOIGNAGES DE JEUNES BENEVOLES ETUDIANTS EN MEDECINE

Témoignage de Constance, étudiante en médecine

 

 

Adressé à Caroline, Directrice du CPU, à Lyon, le vendredi 12 avril 2024

Depuis septembre, je donne des cours de conversation en français grâce à l’association « Coup de pouce université » (CPU). Depuis mon premier cours où j’étais très nerveuse à l’idée d’enseigner le français, à mes (presque) derniers cours dans lesquels une belle complicité s’est nouée entre les étudiants de mon groupe, il y a eu un long chemin !

 

Au début de l’année, Caroline, la directrice du CPU, me donne rendez-vous dans son bureau pour m’expliquer ma mission, les éléments importants, le fonctionnement de l’association… Concrètement, je suis avec 5 étudiants étrangers, et mon rôle est de parler avec eux pour les faire progresser en français, grâce à des jeux, des lectures, des thèmes de partage, à moi de trouver les idées. Une chose sur laquelle Caroline m’a mis en garde : les étudiants ont parfois des passés très lourds à porter, très douloureux. Je dois faire attention à ne pas trop « fouiller » dans leur histoire par mes questions, même si c’est pour lancer la conversation. S’ils se confient pendant un cours, c’est super et je suis prête à les écouter, mais sinon, je me focalise sur l’avenir, c’est là-dessus que nos conversations seront le plus riche. Nous nous sommes accordées pour que mon cours ait lieu tous les lundis soir de 18h à 20h, et c’est parti !

 

Premier jour de cours : je suis un peu stressée à l’idée de donner un cours, et puis en même temps je n’ai pas fait d’études pour devenir prof de français, qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur apprendre ? Les étudiants arrivent : je découvre Shafiqa, Beltran, Linh, Margarita, Ricardo. Une première chose me frappe, ils ont entre 25 et 30 ans, je me dis que décidément, je vais me sentir encore plus mal à l’aise de corriger leur français car ils sont plus âgés que moi. Nous commençons à discuter, et je suis ravie de voir combien nos discussions sont fluides : alors que j’avais prévu plusieurs activités « de secours » au cas où personne ne prenne la parole, nous aurons le temps de faire qu’un seul jeu ! En rentrant chez moi, je me fais la réflexion que finalement, je n’ai pas été gênée de corriger leurs erreurs de langage malgré la différence d’âge. Et puis, ce n’est pas si difficile que ça d’expliquer la grammaire, l’orthographe, la conjugaison, ça me fait réviser !

 

Les cours s’enchainent chaque semaine, je prends plaisir à les écouter parler. Ils me parlent de leur arrivée en France, des différences culturelles avec leur pays d’origine, ce qu’ils aiment en France et ce qu’ils n’arrivent pas à comprendre, notamment certaines traditions. Un jour, une étudiante venant d’Afghanistan me raconte un peu de sa vie d’avant, très sombre, et qu’elle a longtemps cherché à quitter. Je ne sais pas si c’est un sujet qu’elle aborde souvent autour d’elle, en tout cas elle me fit un beau cadeau en se livrant à moi. C’était la preuve que dans mon groupe régnait un climat de confiance et d’écoute !

 

Aujourd’hui, les cours ont presque toujours la même organisation : échange sur la semaine passée, temps d’écriture sur un sujet, puis lecture d’un passage de roman. Les étudiants se connaissent entre eux et parfois même se corrigent entre eux ! C’est certain que depuis leur arrivée ils ont fait de grands progrès !

 

Cette expérience au CPU m’a aidé à prendre confiance en moi pour prendre parole à l’oral, ce qui n’était pas mon fort jusqu’ici. Aussi, c’est tout bête mais pour moi qui ait l’habitude de parler très vite, et pour qui c’est un effort considérable de diminuer mon débit de parole, j’ai dû vite faire l’effort de parler plus calmement pour être comprise par mon groupe d’étudiants. Ces cours du lundi soir m’ont aussi formé à l’écoute de l’autre et à la compassion, par les bouts d’histoire qu’ils m’ont livrés.

 

Ce projet d’action social m’a aidé dans ma construction personnelle et m’a aussi conforté dans l’idée que je souhaite plus que tout que ma vie professionnelle soit au service des autres, par le soin. Quand je m’imagine future médecin, j’espère être à l’écoute, douce, compatissante… Ce sont pleins de qualités humaines que j’ai essayé de mettre en pratique au CPU. Je suis certaine qu’elles ne seront pas utiles uniquement pour mon travail, mais avant tout dans ma vie quotidienne, pour tout échange avec autrui. Ainsi, pour cela le CPU m’a beaucoup aidé et j’espère que je saurai remettre en pratique ces qualités au fil de mes stages, même si la fatigue et le stress peuvent parfois nuire à leur mise en pratique.

 

A bientôt !

 

Constance

 

Témoignage d'Antonin, étudiant en médecine

 

J’ai réalisé mon projet d’action sociale au CPU (Coup de Pouce Université), une association qui s’occupe d’enseigner l’anglais ou le français à des étudiants étrangers parfois demandeurs d’asile.

 

Pour ma part j’enseignais le français le mardi de 18 à 20h à des étudiants d’horizons très différents, parmi ces derniers nous retrouvons (j’ai censuré les noms parce que je ne leurs ai pas demandés si je pouvais les utiliser) :

- Une étudiante chinoise qui vient d’une ville proche de Hong Kong

- Un demandeur d’asile russe qui appréciait énormément les mathématiques

- Une étudiante afghane

- Un demandeur d’asile afghan qui travaillait dans le droit international dans son pays

- Un demandeur d’asile iranien qui travaillait dans le génie civil

- Un étudiant du Bangladesh en hôtellerie

- Une étudiante chinoise (venant cette fois du nord du pays)

- Un étudiant Vietnamien

 

Globalement les cours n’étaient pas souvent préparés (notamment parce qu’il était difficile de prévoir qui pouvait venir et les étudiants avaient déjà beaucoup de travail donc je sentais qu’en rajouter serait assez contraignant), mais par exemple je leur demandais parfois s’ils avaient vu passer une news et qu’ils voulaient qu’on commente dessus (on a pu parler de punaises de lit). Une fois, nous avions par exemple abordé le sujet de l’IVG (dans la période où il y avait de grands débats surtout aux Etats-Unis), un autre exemple : nous avions parler de la situation économique iranienne.

 

Quelque chose que j’ai trouvé très intéressant dans cette association et que je suis sûr me servira dans ma pratique de médecin, ça a été la remise en question de notre capacité à communiquer.

Ça nous semble assez universel de parler français, pour demander des symptômes aux patients on est assez à l’aise dans ces cas-là même s’il y a une étape de reformulation. Avec des personnes qui ne parlent pas la même langue que nous c’est une autre affaire.

 

Aussi rien que le contact avec des personnes d’autres horizons participent à progresser dans notre future pratique.

 

Merci de m’avoir lu,

 

Antonin


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