Un article de Robert LAURINI,
accompagnateur de mémoires et de thèses

 

Veiller à la santé psychologique des doctorants !
par Robert LAURINI

Une récente statistique montre que 40 % des doctorants en Lettres et Sciences Humaines et Sociales (SHS) abandonnent alors qu’ils ne sont que 4 % en sciences dures. L’objet de cet article est d’en analyser rapidement les causes et de voir comment le CPU peut y remédier. Mais auparavant, rappelons le contexte.

En sciences dures, le cas général, c’est un professeur qui cherche un doctorant lequel sera payé. Autour de lui, graviteront d’autres doctorants, des maîtres de conférences et parfois même des ingénieurs de recherche. Comme le professeur est motivé par les résultats, l’encadrement se fera de manière carrée.

 

En revanche, en Lettres et SHS, le cas le plus courant est celui d’un étudiant qui, arrivant avec un sujet de thèse, cherche un professeur. Comme ce dernier est peu motivé par le sujet, l’encadrement laissera souvent à désirer. Et comme la notion de laboratoire manque de rigueur, le thésard ne saura pas vers qui se tourner en cas de difficultés. En général il n’est pas financé pour ce travail de recherche.

 

D’une manière générale, advient aussi comme source de stress le changement de "statut" intellectuel : de bon étudiant (faire ce qu'on vous dit de faire) on passe à "chercheur" apprenti (doutes méthodologiques, pas de réponses claires des disciplines, variété des cadres théoriques, importance des réseaux, etc..). En d’autres termes, il s’agit de passer à un autre métier.

 

Dans de telles conditions, le doctorant rencontrera des difficultés à cadrer sa problématique de thèse, hésitera sur la méthodologie à suivre, ne disposera pas des meilleures bases ou des meilleurs articles sur son domaine, pourra même disposer d’injonctions contradictoires ; bref, ne saura pas très bien ce que l’on attend de lui. Le doute (non pas le doute cartésien !) l’envahit, il ne dort plus la nuit.

 

Si de plus, il existe des difficultés financières, arriveront le désarroi, le burn-out, un traumatisme, et en définitive l’abandon.

 

Dès lors, la question est : « comment l’accompagnant-CPU peut-il aider ? » Je mets de suite de côté le cas où un doctorant arrive avec son mémoire pratiquement rédigé : car lui, il aura su dépasser ces obstacles. Mais pour ceux qui sont en première ou deuxième année, le rôle de l’accompagnant, au-delà de la correction grammaticale et du respect du genre littéraire, pourra être le suivant :

1 – veiller à la santé psychologique du doctorant,

2 – créer un cadre fait d’empathie et de confiance réciproques,

3 – s’inquiéter des aspects financiers,

4 – s’inquiéter si le doctorant n’avance pas durant des semaines,

5 – l’encourager à voir régulièrement son directeur de thèse,

6 – etc.


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