Un article d'Yves, accompagnateur de mémoires et de thèses

LES ETUDIANTS ETRANGERS EN FRANCE
DONNEES ET PERSPECTIVES

par Yves Livian (14/04/2021)

Rappelons d'abord quelques tendances de fond avant Covid.
L'augmentation de la mobilité internationale des étudiants était continue : on devait passer en 2020 la barre des 6 millions d'étudiants en mobilité dans le monde ! L'Asie représentait une grande partie de ces mouvements, avec des augmentations sur 2013-2018 spectaculaires pour certains pays (Chine + 38 %, mais Vietnam + 94 % et Inde + 97 %).

La France a vu sa population étudiante étrangère croître de 23 % pendant cette période, représentant 370 000 personnes. La Région Auvergne-Rhône-Alpes comptait en 2018 48 500 étudiants étrangers, la deuxième région de France après l'Ile-de-France. Mais la part relative de la France était en constante diminution (en 2020, on passe du 5e au 6e rang mondial, mais on reste 3e pour les doctorats malgré une baisse).

Quel effet du Covid ?
Le Covid a bouleversé la situation en 2020. Les visas pour étudiants en France ont baissé de 25 % (mais de 43 % aux USA et de 63 % en Australie).13 universités britanniques risquent l'insolvabilité à cause de la disparition des asiatiques.
Campus France va jusqu'à dire que "la crise profite à la France", puisque de nombreux pays ont fermé complètement leurs frontières alors qu'un flux non négligeable de candidatures et d'arrivées a été maintenu en France. La procédure "Etudes en France" continue. Mais la répartition entre les pays change (demandes de visa : - 58 % Chine et + 55 % Congo, par exemple).

Quel effet des droits d'inscription ?
L'augmentation des droits d'inscription à l’université pour les étudiants hors UE a été validée par le Conseil d'Etat en juillet 2020 : elle est donc actée.. mais nombre d'universités avaient suspendu l'application de cette décision. 18 universités seront en principe obligées de l'appliquer en 2021 mais pour l'instant la question est mise de côté.

Quelle réussite des étudiants étrangers ?
La réussite des étudiants étrangers en France se maintient à un niveau correct : 33,2 % en licence en 3 ans (contre 28,4 pour les Français, ce qui n’est pas beaucoup !) et 43,5 en master en deux ans (contre 55 pour les Français).

Quelles tendances pour l'avenir ?
- On constate une forte augmentation des inscriptions en France des sub-sahariens.Si l’on ajoute les « gros bataillons » actuels marocains et tunisiens, cela va constituer un nombre important.
- Peu d'espoir de retour des Chinois à court terme (frontières fermées jusqu'en 2022). Campus France n’en parle pas mais la politique éducative globale de la Chine n’est pas orientée vers les échanges exterieurs. Inconnue pour les autres asiatiques.
- On irait vers une régionalisation internationale des mouvements, ce qui voudrait dire pour la France un développement des mobilités intra-européennes (au sens large, car Russie et ex-URSS sont de plus en plus présents : Kazakhstan + 32 %, Ukraine + 69 %, etc.).
- Rien n’est précisé sur des « cibles » possibles de nouvelles ressources (Moyen-Orient, Amérique du Sud très frappée par le covid)
- Suite au Brexit ( difficultés administratives pour les européens) et à l'arrêt du flux chinois, accroissement de la concurrence intra-européenne, sur laquelle la France doit se positionner (car l'Allemagne progresse et les Pays-Bas sont déjà très internationaux avec beaucoup de cours en anglais). Cela inciterait à développer les cours en anglais.

Rappelons que l'objectif fixé avant Covid était de 500 000 étudiants étrangers en 2027… !

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Sources : presse spécialisée, Campus France, Ministère. 14/4/2021


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