Le point de vue d'Yves, accompagnateur de mémoires et de thèses

Les Universitaires face au COVID
par Yves Livian (5/02/2021)

Le sentiment d'épuisement est sensible partout, y compris dans d'autres pays que la France. Le passage à l'enseignement en ligne a nécessité un fort investissement personnel des enseignants. S'y est ajoutée en France la série de consignes parfois contradictoires données par le Ministère. Au total, comme souvent en France, c'est le "système D" qui l'a emporté, chaque faculté et chaque enseignant faisant son possible pour s'adapter (fermeture des locaux complète ou partielle, TD en demi-groupes ou pas, cours en alternance, etc…). On en est maintenant à du présentiel pour les 10% d’étudiants les plus en difficulté.

Une fois de plus, la distinction universités/grandes écoles est apparue (les classes préparatoires bénéficiant de leur présence en lycée et donc enseignant en présentiel), comme a surgi également la méconnaissance du fonctionnement universitaire de nos gouvernants (note 1).

Contrairement à ce que les hautes sphères pensaient, il n'y a pas eu "basculement" (le mot même évoquant un phénomène simple comme d'appuyer sur un bouton,) mais adaptation, voire reconstruction, avec peu d'aide institutionnelle (les moyens pédagogiques, informatiques et audiovisuels des universités étant en général faibles). La hiérarchie universitaire est purement administrative et ne peut donc jouer aucun rôle d'écoute ou d'appui aux enseignants, dans un domaine -la pédagogie- qui n'est pas du tout pris en compte dans les carrières des enseignants. Une doctorante-enseignante française aux Etats-Unis dit (dans cette crise) "nous avons été constamment épaulés et soutenus" (note 2) (Le Monde 21.01.2021). Ce n'est pas le cas en France.

Par conséquent, les étudiants ont donc eux-mêmes été soumis au "système D", parfois efficace (en cas d'initiatives locales intelligentes), parfois non. En période de crise comme en période normale, il faut à l'étudiant en France (à plus forte raison s’il est étranger) beaucoup de chance (tomber sur un enseignant consciencieux et innovant, un administratif souple). Il lui faut aussi beaucoup de ténacité personnelle… et rencontrer des bénévoles bienveillants.

Par ailleurs, les structures officielles d'écoute, d'orientation et d'aide psychologique aux étudiants ont toujours été notoirement insuffisantes (un psychologue pour 30 000 étudiants, quatre à six fois moins que dans des pays comparables).

Des associations comme la nôtre ont donc un grand avenir !

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Notes :
1/ Un exemple en est le bouleversement du système de recrutement des enseignants du supérieur en octobre dernier par un vote nocturne de quelques sénateurs dans l'indifférence générale.
2/ A titre d'exemple, pour l’Amérique du Nord, on consultera le site de l'Université Laval au Québec, enseigner.ulaval.ca/ressourcespedagogiques/developperun_enseignement-a-distance.


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