Le confinement vécu par les doctorants et les étudiants en Master

D'un étudiant taiwanais qui rédige un master sur "la cuisine, mémoire des migrants"
Pendant le confinement, j'ai appris beaucoup de choses. J'ai planté des ails, de la roquette et des haricots verts. J'ai appris comment cuisiner le curry. Bien qu'ayant vécu un peu dans la solitude, cela m'a donné une chance de réfléchir à la vie.
Je pense que le gouvernement a pris une bonne décision, mais certaines gens ne suivent pas les ordres.

D'une étudiante taïwanaise
L’année 2020 a brutalement et dramatiquement basculé après l’apparition d’un virus inconnu ! Mis à part les tragédies sanitaires, ce virus a entraîné une accélération de la réflexion liée au domaine socioculturel et à la structure du monde politique actuel.
J’étais à Taïwan quand ce virus est apparu au début de l’année. Il est très étonnant que, malgré la proximité géographique de la Chine, nous n’ayons pas été touchés. Le gouvernement a agi rapidement dès le départ : ils ont tout de suite contrôlé toutes les usines de masques et leur distribution, et interdit tous les vols venant de Chine ainsi que les entrées des ressortissants chinois sur notre territoire.
En face de cela, il paraît que le monde entier a été touché et même conquis par le virus à cause de l’ignorance et du laxisme de certaines autorités. Le confinement a été mis en place presque partout comme une nécessité et ceux qui avaient déjà un mode de vie précaire ont connu une situation encore plus misérable.
Pour d’autres comme mon ami Libanais, qui travaille comme directeur de la section respiratoire de l’hôpital, cette année est comme un enfer. Son pays, déjà touché par une crise économique, a été aussi frappé par la crise sanitaire. De ce fait, sa responsabilité a été augmentée mais son salaire dévalorisé, et ses réserves bancaires en dollars ont été prises et gelées par le gouvernement. Il voulait venir en France pour poursuivre ses études à l’EM Lyon, mais du jour au lendemain, tous ses efforts des années passées et ses rêves se sont évaporés. Il est douloureux de penser que l’avenir de quelqu’un peut être détruit si facilement par la corruption des politiciens.
En regardant l’histoire passée et actuelle, il apparaît que les tendances humaines n’ont jamais changé, l’homme étant toujours avide et attiré par le pouvoir. La guerre en armes du passé a été transformée en guerre économique aujourd’hui.
Mon espoir est cependant que, lorsqu’on aura trouvé le vaccin pour le Covid-19, nous serons plus solidaires et qu’il pourra être distribué de manière plus égale pour éviter une autre sorte de guerre invisible.

D'une autre étudiante taïwanaise
Pendant le confinement, il y a des moments de crise, mais à la fin, c’est une grande chance pour moi pour bien me reposer et pour re-stituer ma vie.
Au début du confinement, je venais de terminer la rédaction de ma thèse. Je prenais le temps de me détendre, et de ne rien faire. Mais un jour, j’ai eu mal à une dent. Elle me faisait si mal que je ne pouvais plus dormir, cela pendant deux jours. À ce moment là, tous les dentistes fermaient. Je ne pouvais qu’aller chez un médecin généraliste, qui m’a donné le numéro de téléphone de l’urgence médicale à Lyon. Le lendemain, la situation avait empiré. J’avais même de la fièvre. J’ai fait une consultation par téléphone, et on m’a donné un traitement antibiotique. La situation ne s'est pas améliorée, même après 3 jours de traitement. J’ai appelé le médecin de Lyon 2. Le médecin m’a donné un autre traitement antibiotique, encore plus fort, et il m’a suggéré d’aller à l’urgence dentaire de l’hôpital. J'y suis allée le lendemain. Les dentistes de l’hôpital portaient une attention minutieuse à toutes les personnes qui entraient pour vérifier qu'elles se lavaient les mains, prenaient leur temperature… Je suis sortie heureusement avec une dent soignée.
Pour prendre le traitement antibiotique, j'ai dû adopter un horaire de vie plus normal; Avant, j’avais des insomnies, et je ne pouvais m’endormir que très tard, parfois seulement le matin. Mais pour le traitement antibiotique, je devais prendre le médicament le matin, à midi et le soir, aux même heures. S’il n'y avait pas eu ce confinement, j’aurais dû rester inquiète tout le temps.
Je pense que la terre prend également une pause pendant ce confinement. La vie naturelle reprend vigoureusement pendant ce temps de printemps, sans être bridée par l’intervention des êtres humains.
Dans mon pays, on est fier de n'avoir pas été touché si sérieusement par la pandémie. Mais les Taïwanais n’ont pas eu la chance de repenser à cette relation entre la vie naturelle et notre vie humaine.
Par contre, il y a également des soucis, comme par exemple la vie culturelle qui s'est arrêtée. Les activités des métiers artistiques sont suspendues.
Je fais des études de théâtre et personnellement, j’aime bien fréquenter les musées, les librairies et le théâtre. Pendant le confinement, on avait certes des musées virtuels, des captures de spectacles gratuitement, partagés sur internet. Cependant, il y a des contacts entre les œuvres artistiques et les récepteurs qui ne peuvent pas être remplacés par les écrans ! Il existe des transmissions inexplicables quand on est présent devant une œuvre artistique !
Telles sont mes remarques et observations sur ce confinement.

D'une étudiante iranienne
Le confinement était un peu dur pour moi, car je vis seule. Heureusement, je me suis occupée de mon mémoire et j’ai pu beaucoup avancer grâce aux enseignements du CPU qui m’a soutenu pendant ce temps.
J’ai appris qu’il faut profiter des petites choses dans la vie et qu'il y a toujours des gens qui se soucient de moi et j’en suis reconnaissante.

D'une étudiante brésilienne
Grace au confinement, j'ai découvert une nouvelle facette de la France, la reconnaissance d'un pays responsable, capable de gérer une crise, qui se préoccupe de sa population et qui fait des efforts pour les rassurer dans les moments de difficultés.
Par contre, être loin de ma famille a été une expérience angoissante.
Concernant le CPU, j'ai toujours eu des contacts avec le bénévole qui m'accompagne, et des offres d'aide de sa part et de la part de l'association.
Cette période a été un moment d'incertitude, mais aussi un moment de réflexion.

D'une étudiante chinoise

Le confinement imposé par l’épidémie COVID-19 braque soudain les projecteurs sur un lieu de travail longtemps ignoré, la maison. Cette crise offre l’occasion de se poser les bonnes questions sur l’espace de travail, la sécurité et l’arrangement de la vie personnelle.
En 2015, l’auteure Mona Chollet publiait un livre intitulé Chez soi. Ce livre mêle les sujets intimes et collectifs pour proposer une analyse sociologique et psychologique de la sphère domestique. Avec le confinement imposé par la crise COVID-19, ces sujets sont devenus d’une grande actualité. C’est pourquoi ce livre est en tête des ventes d’essais en France pendant ces dernières semaines.
À mon avis, en cas de situation épidémique grave, des mesures de confinement appropriées sont nécessaires. Parce que le moyen le plus efficace de lutter contre la maladie infectieuse est d’isoler la source de l’infection et de contrôler l'étendue de la contamination.
Pendant cette période de confinement, nous avons davantage de temps pour vivre avec la famille, en approfondissant nos sentiments et en améliorant notre relation familiale et conjugale. D’ailleurs, le confinement nous permet d’enrichir notre vie privée car nous avons le temps de faire des choses que nous n'avons pas eu l'occasion de faire avant, par exemple la cuisine, la lecture, etc. Par contre, on réduit les contacts avec l’extérieur, en particulier les amis, les camarades, les professeurs. C’est plus compliqué d’entretenir des relations avec les autres. En plus, il est très difficile de séparer la vie professionnelle et la vie personnelle, de sorte que l’efficacité au travail diminue. Personnellement, avec la suspension des cours du CPU, je dois contacter mes profs et mes camarades par e-mail ou SMS. D’ailleurs, je ne peux pas rencontrer mon correcteur de CPU pour corriger mon mémoire. Heureusement, on peut faire la classe à distance et la correction par mail.

D'une doctorante chinoise
Cette situation sanitaire est inédite et difficile pour tous, et je me sens très reconnaissante envers les soignants, les personnes qui travaillent pendant le confinement pour garantir notre vie essentielle. Pendant le confinement, je reste dans ma chambre petite mais bien sécuritaire qui me permet de vivre à l’abri et de continuer la rédaction de ma thèse.
L’isolement me frustre parfois. Heureusement, grâce à la technologie moderne, je peux rester en contact avec les amis et appeler ma famille en Chine par vidéo.
De plus, mon amie du CPU,
Marie, est venue me voir de temps en temps et m’a apporté des fleurs et de l'alimentation.
On sort finalement du confinement, mais la pandémie n’est pas finie, on doit rester prudent et continuer les études ou le travail malgré tout. Courage pour nous tous!

D’une étudiante chinoise qui poursuit ses études à Paris
Le confinement n’est pas facile, mais j’essaie de rester positive. Le confinement nous permet de passer plus de temps avec tous ceux qu’on aime et qui nous sont chers : familles, amis. Il nous permet également de faire des choses que nous n’avons pas eu le temps de faire. Les gens appellent plus souvent leurs parents.
Les médecins et les infirmières qui travaillent dur en première ligne font tous leurs efforts pour sauver les patients. Chaque jour à 20h, tout le monde applaudit devant la fenêtre pour les soignants. Notre planète est moins polluée et le ciel est plus clair. Certains animaux profitent du confinement pour se promener dans la rue. La nature reprend ses droits et j’en suis heureuse.
Je profite de ce confinement pour réviser, passer les examens à distance, finir mon mémoire et regarder des films et séries que je n’ai pas eu le temps de regarder. J’appelle ma mère tous les jours et je communique avec mes amis via internet. Je lis un peu aussi, trie des photos et je fais du sport à la maison pour rester en forme. Je prends également le temps de postuler aux annonces d’alternance.
Ce virus est beaucoup plus dangereux qu’on ne l’imagine et il touche tout le monde, quel que soit l’âge. Beaucoup de gens ont perdu la vie à cause de cette épidémie. Quand j’ai vu certains pleurer à cause de la perte de leurs proches, cela m’a attristée. Ce virus sature en plus le système hospitalier. De nombreuses personnes ont aussi perdu leur travail à cause de ce virus et beaucoup d’étudiants sont dans l’incertitude face à leurs demandes de stages et recherche d’entreprises d’accueil pour leur parcours en alternance.
Je suis aussi en colère parce que certains prennent encore ce virus à la légère et qu’ils le considèrent comme la grippe au point qu’ils ne respectent pas le confinement. De plus, le gouvernement n’a pas pris non plus ce virus au sérieux dès le début et a pris des mesures trop tard.
Nous, humains, nous abusons de la nature. Nous devons protéger notre planète et protéger les animaux, nous déplacer à pied ou en vélo et moins souvent en voiture.
Cela va prendre encore un peu de temps pour sortir de cette pandémie tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique. Je garde l’espoir que nous tirerons des enseignements de cette crise pour un futur meilleur.

D'une étudiante philippine
Je suis peut-être la seule de ma promo qui considère le confinement comme une aubaine. En effet, grâce au confinement, je n’ai plus besoin de faire le stage sur place dans le cadre de mon master en ELE (Espagnol langue étrangère), ce qui me permet de finir toutes mes rédactions en espagnol dans le cadre de mon master à distance en enseignement d’ELE.
Le confinement me permet aussi de me reposer, de faire des promenades près de ma résidence, ce que je n’avais jamais eu l’occasion de faire parce que j’étais toujours très occupée. Cela me permet aussi de faire des économies parce que je ne prends plus les transports en commun. Autrement dit, le confinement m’a permis de prendre une pause dans ma vie plutôt chargée et stressante, de profiter de la nature pendant les promenades, de faire du sport, d’être plus écolo. Je me suis rendu compte que j’avais un peu négligé ma santé en travaillant trop, en menant une vie un peu déséquilibrée…
Par rapport à mes relations, elles me manquaient pendant le confinement. Mais je me suis dit que je les verrais bientôt…. Grâce à Internet, je suis toujours au courant de ce qui se passe dans ma famille ou chez mes proches…

D'une étudiante brésilienne en master 2

Se retrouver tout à coup sans travail, sans les cours en présentiel et confinée dans un appartement est sans doute étrange et même angoissant. Cependant, j'ai pu dédier plus de temps à l'écriture de tous les dossiers à rendre, et à mon mémoire. Cela a également été facilité par l'aide de Marie-Noelle qui m'a constamment encouragée et soutenue.
Par rapport à mon impression avec la France, j'admire la façon dont toute la communication a été faite ainsi que les mesures et les aides, même si elles sont passibles de critique...A l'opposé, je vois la situation du Brésil et ce qui se passe là-bas me préoccupe et me touche énormément.
Enfin, cet épisode m'a fait réfléchir à nos modes de consommation déraisonnables et surtout à l'importance d'être proche des nôtres.

D'une étudiante taïwanaise
Personnellement, le confinement m’a permis d’avoir plus de temps intime pour moi-même. J’ai profité de ce temps pour regarder beaucoup de films et de documentaires; c’était ce que je n’avais pas pu faire à cause d’un emploi du temps chargé avant le confinement. Pourtant, comme je me suis confinée toute seule, le silence et la solitude m'ont rendue parfois triste, voire boulimique.
Pour la relation avec la France, franchement, j’ai rencontré pas mal d’amalgames à propos du COVID. Il y a eu une période pendant laquelle je n’avais pas le courage de sortir de chez moi pour faire des courses parce que j’avais peur de me faire insulter dans la rue. Mais maintenant j’y suis habituée. Au lieu d’être triste ou de répondre aux gens, je tousse.
Néanmoins, j’ai été contente d’avoir reçu le mail de la part de CPU nous demandant de ne pas hésiter à demander de l’aide si nécessaire. J'ai eu l’impression d’avoir une famille en France. Ainsi mon bénévole de mémoire, M. Tirant, m’a appelé quelques fois pour me demander si tout allait bien.
Tout cela m’a fait du bien pendant ce temps difficile.
Il faut que j’arrête de gaspiller du temps pour ne rien faire parce que la mort n’est pas si loin que ça. Je suis un peu pessimiste.

D'une étudiante chinoise
D’après moi, le confinement me permet de rester chez moi avec une bonne raison. J’aime bien rester chez moi, dormir, lire, faire du yoga, préparer les repas, appeler ma famille et mes amis...
Malgré cela je voudrais parfois sortir quand il fait beau, je sors la tête par la fenêtre pour sentir l’air, ça me donne quand même une sensation agréable. Grace au confinement, j’ai l’opportunité d’avoir les cours individuels avec Geneviève par Skype! Quelle chance! C’est presque ma seule chance de parler français avec une française, notamment une professeure excellente. C’est vraiment précieux et merveilleux.
Néanmoins, je ne suis pas quelqu’un de très autonome, et le confinement me donne l’impression de vacances; donc, sauf les cours avec Geneviève, j’étudie moins qu’avant et je deviens paresseuse. Je me couche trop tard et me lève trop tard. Faute d’activités, je me sens peu intégrée à la vie française.
De toute façon, je jouis du confinement, j’espère que ça va continuer. Cela sera une opportunité unique de rester chez moi aussi longtemps.

D'une étudiante mexicaine
Mon histoire de confinement en France. Je pourrais ajouter comme sous-titre: comment je suis arrivée à comprendre autrement Foucault et son concept de biopolitique.
En faisant ma licence sur ce sujet, au Mexique, j´ai découvert la philosophie française dont Foucault et ce concept de biopolitique, qui souligne commment l´exercice du pouvoir s'inscrit dans les individus, leurs vies, leurs corps. Et quelle opportunité ! J´ai eu la chance de l´expérimenter moi-même à la française !
Depuis mon arrivée il y a presque deux ans, je me suis rendu compte de la médicalisation et du pouvoir de l´Etat sur le corps et les vies des individus, et aussi de la grande acceptation, de la part des personnes, de cette régulation gouvernementale, comme s´il s´agissait de leur droit, dans le fait d´être soignés, régulés, contrôlés par le gouvernement, par les experts en médecine.
Dans la crise présente, j´ai vu la confiance dans un Etat qui a commencé par dire qu´il n´y avait pas besoin de masque, et maintenant qui le demande obligatoirement. Un Etat qui a utilisé une image trop chargée émotionnellement pour la population : celle de la guerre. Je me demande si c´était aussi pour faire peur. J´étais surprise par l´exigence d´une attestation dérogatoire pour acheter de la nourriture ou pour sortir de chez soi, mais j´étais encore plus surprise par le respect de ces ordres, parfois si contradictoires ou même ridicules.
Le contraste, c´est que dans mon pays, le Mexique, à cause de la colonisation, des interventions étrangères et de toute l´histoire du pays, on ne croit pas au gouvernement pour le mieux et pour le pire. Il y a même des personnes qui ne croient pas au covid-19, car elles pensent qu´il s´agit d´un mécanisme de biopouvoir. Au Mexique, il y a une guerre médiatique contre le gouvernement présent qui essaie (parfois et trop contradictoirement) de diminuer les tendances néolibérales et de narco-gouvernement (quand ce n’est pas de narcopolitique directe) mises en œuvre par les gouvernements précédents. La crise du covid-19 trouve un pays qui ne se sait pas à quoi faire confiance.
Dans mon pays, une bonne partie de la population mange ce qu´elle produit chaque jour. Confiner obligatoirement n´est pas une option. C´est une condamnation à mort. Cela me fait penser que confiner ou non n´est pas qu´une question de logique, ni d´évidence scientifique, c´est aussi une question de pouvoir, de pouvoir d´État. Et tous les Etats n´ont pas ce pouvoir, ou ne désire pas l’avoir. Et tous les citoyens n’apprécient pas un Etat paternaliste, parce qu’avec le pouvoir de nous protéger, il porte atteinte aussi à l´auto-détermination. Et parfois, quand les Etats ne répondent pas en premier lieu aux citoyens, quand ils répondent aux grands capitaux, aux industries pharmaceutiques, etc., peut-être que pour rester vivant, il faut apprendre à résister à la biopolitique.

D’une doctorante chinoise qui continue sa thèse depuis la Chine
Pendant cette période de l’épidémie, je suis en Chine avec ma famille. J’ai eu peur au début de la crise, parce que l’on a craint que les femmes enceintes soient des personnes à risque. Au début, je ne sortais pas. Mais le fait de rester chez moi m’a contrariée un peu parce que je ne pouvais pas voir mes amis, ni pratiquer des activités de loisirs, comme aller au cinéma. Quand la situation s’est améliorée, je suis sortie une ou deux fois par semaine avec un masque.
Cette épidémie n’a pas changé mon rythme de travail et j’ai beaucoup avancé sur ma thèse. Pendant les trois derniers mois, j’ai travaillé tous les lundis avec mon directeur de thèse à Paris par Skype, et nous venons de finir le double codage des données.
Ce qui m’a réconfortée, c’est qu’au début de la crise, ma famille n’avait pas assez de masques pour se protéger. Un de mes amis m’a envoyé 100 masques de France. Je le remercie vraiment. Sa gentillesse m’a fait chaud au cœur. A mon tour au mois de mars, j’ai également envoyé des masques à mes amis français.
De plus, j’ai la chance de travailler à distance par Skype avec le CPU. Nous travaillons une ou deux fois par semaine sur la correction de mes écrits. Le CPU m’aide beaucoup et je tiens à le remercier.
A mon avis, pendant cette crise sanitaire, il faut aller à la rencontre des besoins des étudiants, surtout les étudiants étrangers, qui n’ont pas pu rentrer dans leurs pays d’origine, et qui sont loin de leur famille et ensuite il faut essayer de répondre le mieux possible à leurs besoins. Je crois que c’est ce qu’essaie de faire le CPU avec beaucoup de dévouement. Merci à tous les bénévoles !

D'une doctorante italienne
Les deux mois de confinement ont certainement eu un grand impact sur nos vies. Tout d’abord, c’était une expérience complètement nouvelle que personne ne pensait devoir jamais vivre. L’isolement forcé a certainement été dur à supporter pour une période aussi longue, même si la technologie offrait la possibilité de communiquer aisément avec les autres.
Vivre le confinement en France a été pour moi un peu difficile par le fait de me trouver seule à Lyon sans savoir exactement ce qui se passait à Turin où habite ma famille.
Personnellement, j’ai utilisé le temps du confinement pour avancer dans la rédaction de ma thèse afin d’avoir quelques jours de vacances pour retrouver ma famille pendant l’été.
Je crois que cette expérience nous a montré le besoin que nous avons tous de communiquer avec les autres, besoin qui est parfois caché par les occupations et préoccupations de tous les jours. Comme le disait Aristote, l’homme est un animal fait pour la vie en société.
La solitude peut être très difficile à vivre et à gérer. Heureusement, pendant cette période, nous avons eu la possibilité de communiquer avec nos familles et nos amis. Et aussi de continuer à travailler avec les bénévoles du CPU !

D'une doctorante brésilienne – Journaliste
Je vis ce confinement avec mon mari, mon fils de 12 ans et mon chat noir brésilien de 5 ans.
Notre appartement n’est pas très grand; être réunis tous les trois en permanence n'a pas toujours été facile surtout pendant les premières semaines. Mais nous surmontons l'adversité avec beaucoup d'amour et nous sommes soulagés de traverser cette période ensemble et en toute sécurité.
Cette période est propice à de nombreux élan de générosité : des personnes solidaires avec des gestes tout simples au quotidien, des dons de masques faits maison, des voisins qui s’inquiètent pour nous et prennent de nos nouvelles. La rencontre avec des personnes avec lesquelles nous avions peu échangé avant. Tous ces témoignages me réchauffent le cœur.
Malgré toutes ces belles actions, je suis triste de suivre la situation dans mon pays, le Brésil. La plupart des membres de ma famille y vit avec un système de santé précaire et un nombre croissant de décès alors que la situation commence à s’améliorer en Europe. Je suis actuellement très en colère face à l'irresponsabilité du Président du Brésil. Il ne prend aucune mesure pour protéger la population contre le virus, bien au contraire, il encourage les gens à circuler normalement dans la rue en véhiculant des mensonges, des actes antidémocratiques, et des fake news.
Le CPU est à nos côtés en ce moment d'incertitude où il est crucial d'avoir un nord pour nous guider et nous motiver pour continuer à apprendre. J'ai reçu avec une grande joie les appels, les messages et le soutien de certains enseignants et bénévoles. Il est réconfortant de savoir que nous ne sommes pas seuls. Ainsi nous faisons partie d'une grande famille dans le pays qui nous accueille.
Que pouvons-nous faire encore avec le CPU ? Peut-être pouvons-nous améliorer encore la communication entre les étudiants. Je sais que certains étudiants ont besoin d'aide matérielle et psychologique en ce moment. Je vis avec ma famille et j'aimerais aussi faire des dons et me rendre disponible pour parler à ces personnes qui se sentent très seules. Peut-être faudrait-il générer une liste d'étudiants qui souhaiteraient interagir entre eux pendant cette période. Avec leur autorisation, bien sûr.
La vie et la routine effrénée avant le confinement nous ont obligés à retarder certains projets. Maintenant est venu le temps de la réflexion, le temps pour mettre les choses en ordre, non seulement à l'extérieur, mais surtout en nous-mêmes.
Comme le disent les Indiens du Brésil, dans le passé l'homme occidental a asservi les autres et maintenant, il se trouve lui-même asservi. Il nous faut maintenant réfléchir : avons-nous vraiment besoin d'explorer et d’épuiser autant la nature ? Devons-nous travailler aussi dur, au détriment de notre vie et de ceux que nous aimons, jusqu’au détriment de nous-mêmes alors que le bonheur dans la sobriété est à portée de main. Mourir en détruisant et en se détruisant, épuisé par le stress et la dépression en vaut-il la peine ? Quelles sont nos priorités ? Qu’est-ce qui fait sens pour nos vies ?
Je crois fermement à l'évolution morale de l'être humain. Nous traversons une période difficile et triste pour l'humanité, mais en même temps ce peut être un cadeau pour demain. Ce temps de changement des consciences espéré depuis des décennies, nous avons maintenant la possibilité de le raccourcir. A titre d’exemple inspirant, le gouvernement d'Amsterdam a initié un projet de décroissance économique, avec un groupe de 170 universitaires qui proposent un paradigme fondé sur des principes de solidarité et de relations harmonieuses et équilibrées entre l’humain et son environnement. Il s’agit d’une révolution, d’un nouveau départ !
https://www.fr24news.com/fr/a/2020/04/amsterdam-adoptera-le-modele-du-beignet-pour-reparer-leconomie-post-coronavirus-nouvelles-du-monde.html
Avante com perseverança !

De deux étudiantes chinoises
La bénévole qui les accompagne fait ce commentaire :
L'une est casanière, le confinement n'a donc rien changé à ses habitudes et même elle a apprécié. Elle a pu travailler à son mémoire et faire son stage en télé travail.
L'autre trouve tout simplement que tout va bien.

De toutes façons, conclut la bénévole, ces étudiantes chinoises ne parlent pas de leurs ressentis : elles travaillent et sont avant tout très soucieuses de leurs études !.

D'un étudiant grec
En Septembre 2019, je suis arrivé en France, à Lyon, où j'ai appris le français et me suis inscrit au CPU. Peu de temps avant le confinement j'avais déménagé à Paris pour commencer un travail.
Mais à cause du Covid-19, je suis rentré en Grèce et y suis resté confiné. Ce fut une période dure et longue, sans beaucoup d'activités, mais j'en ai profité pour lire beaucoup de livres, regarder des films et me reposer.
Ce confinement en Grèce a été une chance pour moi car il m'a donné la possibilité de vivre avec ma famille et d'en profiter.
La semaine dernière je suis rentré en France pour reprendre mon travail, et je ne pourrai plus les voir.
Grâce au CPU j'ai eu la chance de pouvoir continuer les cours de français et pratiquer cette langue. Ainsi quand je suis arrivé à Paris la semaine dernière, j'étais en forme comme si j'étais parti la veille !

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