Le confinement vécu par les bénévoles

De Marie-Noëlle
Mon avis
Le confinement = pause et concentration sur l'essentiel avec en fond l'angoisse d'être contaminée.
Le confinement = plaisir de profiter du printemps dans mon jardin
Le confinement = aquarelle et confection de masques
Le confinement = angoisse pour la naissance de notre petite-fille (le 24 avril)
Toujours aussi ravie de participer à la belle mission du CPU pour la richesse des rencontres. Je voyage depuis mon fauteuil !

De Jean-Paul
Le confinement, en positif pour moi :
- ne pas avoir à me déplacer en métro et en bus
- une ville moins sale, moins bruyante et purifiée des odeurs de la circulation automobile, sur une avenue large presque déserte,
- avoir l’impression que l’espace est à moi.
- mes premières expériences en visio- réunions avec le CPU,
-
plus motivé à appeler des personnes éloignées que j’appelle trop peu souvent en temps ordinaire.


De Pierre J.

LE CONFINEMENT ?
Vous avouerais-je qu’avec une maison et un jardin partagés avec ma femme, et avec les moyens modernes de communication qui me permettent d’être en relation permanente en audio et en vidéo, quand je le désire, si je le souhaite et avec qui je veux, et jusqu’en Extrême-Orient avec mes petits enfants, je serais prêt à rester joyeusement confiné … ad vitam aeternam ?
Non, ce n’est pas tout à fait vrai ! Car faire le tour du quartier pendant une heure maximum avec masque, gants et lunettes, ce n’est pas exactement la liberté.
Et les réunions virtuelles grâce à Zoom ou les messes à la télévision par exemple, ne sont pas de la même intensité que les participations physiques à telle ou telle cérémonie ou manifestation.
Je pensais aussi pouvoir prendre le temps de rattraper mon retard dans certaines activités (lecture, écriture, rangements) qui ne sont pas soumises à l’urgence. Cela n’a pas été le cas, car le temps libre n’a pas eu pour moi, depuis deux mois, la même densité ni la même exigence qu’à l’ordinaire, et il m’a filé parfois entre les doigts comme du sable fin.
A contrario, je n’ai pas été déstabilisé dans mes contacts avec les étudiants du CPU ; la relecture de travaux avec l’audio/vidéo de l’ordinateur et le transfert d’écran, permet une correction aussi facile que dans une salle de la rue Bonald. Et quel temps gagné dans les transports !
En conclusion, je ne garderai pas un mauvais souvenir de cette période de confinement, le positif l’ayant nettement emporté sur le négatif


De Blandine
Personnellement, pendant cette période de confinement, j'ai appris à avoir un rythme de vie beaucoup moins rempli ce qui m'a permis de faire les choses que je pouvais faire à distance avec beaucoup de soin et de qualités comme elles étaient moindres. J'ai également ré-appris à vivre plus simplement.
Ce temps m'a considérablement rapprochée de ma famille grâce aux réseaux, et j'ai pu également me consacrer à mon mémoire de master, ce qui est une très bonne chose. Cependant, cette période était angoissante et les nouvelles quotidiennes des morts étaient douloureuses à entendre. Enfin, j'ai été déçue d'annuler les différents projets que j'avais cette année (we scouts, concert, ...).
Concernant mes cours avec le CPU, continuer les cours à distance avec mes élèves n'a pas été un problème pour moi. Comme je suis étudiante moi-même, c'était facile pour moi de communiquer par mail ou par whatsapp avec eux et de faire des vidéos-conférences. J'ai beaucoup aimé leur envoyer du travail personnel, et je pense même que, étrangement, cela m'a aidé à les connaître mieux.
Je pense que si mes élèves sont demandeurs l'année prochaine, je pourrais envisager de leur donner des petits travaux par mail entre les séances en présentiel au CPU. .


De Jacques C.
Je me considère comme privilégié d’avoir pu vivre le confinement de la façon la plus favorable possible (pas d’obligation de me déplacer, courses réduites au minimum et à proximité…).
Par ailleurs, j’ai pu prendre le temps de lire beaucoup la presse et de me documenter sur ce qui conditionne l’avènement d’un monde d’après plus humain.
Du point de vue de mon activité de bénévole, j’ai apprécié que les possibilités de Zoom me permettent de continuer à aider Débora et Marjan « presque normalement » et aussi de « rencontrer » mes collègues tous les lundis, moi qui, ayant rejoint le CPU depuis peu, les connais encore très mal.

D'Yves

LE CONFINEMENT…
Dans les aspects positifs, il y a pour moi le temps passé au téléphone ou par courriel pour échanger avec des amis ou des proches, avec une fréquence et une densité supérieures…on avait envie de se parler, peut être pour soigner son angoisse (au moins au début…)
Il y a aussi les progrès techniques que j’ai dû faire sur les logiciels de correction ou de communication à distance…toute occasion d’apprendre est bonne à saisir, même si l’on pourrait rêver d’un contexte moins dramatique….
Ces expériences individuelles, globalement positives, ne m’empêchent pas de penser au drame d’une économie et d’une culture ravagées
Oui la santé c’est important, mais faut-il ruiner un continent pour la maintenir ?
J’ai mal vécu aussi la catégorisation dans laquelle je me suis retrouvé : je suis maintenant « un aîné fragile, à risque » échappant à peine à une relégation permanente (n’oublions pas que c’était la préconisations de nos soi-disant « experts » !)…j’avais cru faire partie d’un groupe social à forte contribution associative, sociale, fiscale…la mairie de mon arrondissement avait insisté pour que je sois assesseur de bureau de vote, j’avais accepté (ce sera la dernière fois !)
Je reste encore frappé par la rapidité avec laquelle le sort de millions de gens et les principes de base de notre société ont basculé
Je vois avec crainte le pouvoir acquis par des « experts »(qui n’avaient rien vu venir)
Je vois aussi que, dans le monde hostile vers lequel nous nous dirigeons, la mission du CPU est plus que jamais indispensable : renforcer la coopération internationale, accueillir dignement les étrangers venus chez nous,promouvoir une communication interculturelle humaine et bienveillante…

D'Anne-Marie D
En ce qui me concerne, je suis bénévole à CPU depuis la rentrée 2019.
J'ai vécu cette période de confinement de façon très majoritairement positive: par vidéo j'ai participé à toutes mes activités: CPU, Chi Cong...retrouvé davantage de disponibilité pour les échanges amicaux, familiaux, renforcé des liens de voisinage et renoué avec des activités manuelles délaissées. Ce que j'ai aussi beaucoup apprécié: l'animation hebdomadaire proposée par CPU.
Sur un plan + négatif, car contraignant, ce sont les limitations et modalités de déplacements que j'ai trouvées pesantes.

De Marie-Odile R
Voici le resumé de ces jours confinés vus par Marie-Odile ROLLAND qui accompagne Alyssa Mahoney, etudiante venant du Texas, qui va passer le niveau B2 à la faculté catholique debut mai. et par moi meme Depuis le 20 mars, Alyssa converse tous les soirs pendant 30 à 45 minutes par skype, soit avec moi soit avec une de mes soeurs en alternance, histoire de varier les interlocuteurs... Je retrouve soir après soir une étudiante souriante, gaie, et positive...je lui propose souvent des textes drôles mais pertinents en relation avec notre aventure inédite de confinement.
Ces retrouvailles me permettent de rythmer ma vie de confinée et c'est salutaire d'avoir un emploi du temps en partie rempli!! Même si j'ai passé tout ce temps sans contact humain, je n'ai pas passé ce temps toute seule, pas vraiment.Je remercie sincérement tous mes amis, ma famille et mes amies françaises qui m'ont aidé et m'ont tenu compagnie pendant cette crise.Quand je ne travaillais pas, j'ai utilisé mon temps libre pour réfléchir, pour méditer, et pour rester tranquille.C'est une situation à la fois d'incertitude et d'inquiétude mais toutes les actions humaines solidaires mises en place me rendent plus optimiste pour l'avenir.

De Colette

Confinement.
Pendant cette période, me retrouvant seule dans une grande maison j'ai ressenti beaucoup la solitude, mais il y a eu des côtes positifs aussi :
La contemplation de la nature au printemps, avec la chance d'avoir tous les jours du soleil, m'a fait beaucoup de bien. Avoir du temps, pouvoir l'organiser à ma guise, plus besoin de remplir son agenda.!!
Contradiction entre privation de liberté et la liberté que j'ai ressentie, vis-à-vis du temps mais aussi vis-à- vis de moi même. J'ai pris conscience que c'était à moi de faire en sorte que les journées se passent bien. Avoir du temps pour réfléchir, lâcher prise, penser sereinement à la mort qui pourrait advenir et apprécier le silence.
Pour mes relations avec le CPU pour l'instant j'espère que nous pourrons nous revoir bientôt car le contact avec les étudiantes et les bénévoles me manque mais je n'ai pas encore réfléchi à ce qui pourrait changer.

D'Odette
Le confinement ?
J'ai pris conscience de ma grande vulnérabilité
J'ai été, d'autre part,très sensible à cette ambiance de solidarité qui s'est manifestée : les ami(e)s , les voisins qui s’inquiètent , les soignants qu'on applaudit tous les soirs à 20h, le CPU qui aident les demandeurs d'asile tous les lundis matin, le lien zoom entre les bénévoles, le coup de fil de Jean Noël...
Finalement, je n'ai pas mal vécu ces 2 mois, il n'y a vraiment que cette "attestation de sortie" qui m'a prodigieusement "agacée"!

De Jacques M
Le grand confinement n'a pas modifié radicalement ma façon de voir les choses.
Comme universitaire on est habitué à se mettre en retraite pour écrire et c'est donc ce que j'ai fait.
Bien évidemment j'ai été en contact avec différentes communautés personnelles, amicales et on a échangé comme tout le monde beaucoup de messages et beaucoup de vidéos.
Mais d'une certaine façon je dirais que pour moi cette période était relativement confortable, mais bien sûr je suis privilégié disposant d'un grand appartement, de trois balcons et d'un parc de résidence. Bien évidemment la situation n'est pas la même pour ceux qui se trouvent en centre-ville, dans un espace très réduit et en centre-ville.
Comme tous les retraités je n'avais pas à m'inquiéter tout du moins pour le moment sur le versement de mes revenus. Il faudra bien s'attendre à ce que ceux qui n'ont pas vraiment subi de dommages du fait de cette pandémie contribuent quelque part au financement du relèvement économique.

De Marie-Anne

Voici mon ressenti sur le confinement:
Le temps du confinement a commencé pendant le carême, temps de pause pour se concentrer sur l'essentiel, goûter les choses intérieurement, sentir cette forme mystérieuse du rapport au monde, à la fois solitaire et solidaire.
Ce fut le temps d'un printemps radieux avec l'émerveillement de l'éveil et l'épanouissement de la nature. Cette nature qui nous rappelle les liens profonds entre l'homme, la nature et la terre mère.
Ce fut le temps du silence qui permet l'écoute extérieure et intérieure, la redécouverte de ce qui nous entoure, une rencontre impérieuse avec la vie.
Que cette épidémie soit pour nous l'enfantement d'un monde nouveau.

De Marie-Danielle
Mon ressenti est lié à la façon dont a été géré ce confinement (masques, tests, Epahd) et des discours agaçants du Président (le 1er : "nous sommes en guerre" - il y a des guerres tellement plus meurtrières -, "quoiqu'il en coûte", la population va maintenant en payer le prix), puis consternants (le 2e et en particulier : "retrouver les jours heureux", il faut oser sachant ce que l'après réserve à tant de gens ; et ce "souhait" de garder confiner les "vieux" de plus de 65 ans au-delà de 2 mois...).
Il est bien évident que mes réactions sont liées aussi à mon histoire familiale : entre un grand père qui a vécu Verdun, un père qui s'est engagé dans les Forces Françaises Libres et un oncle résistant.
Egalement, j'ai eu mon premier petit-fils en novembre, il vit en Suisse et depuis la dernière semaine de février, aucune possibilité de rencontre et jusqu'à quand (déjà 3 mois !).
POUR EN REVENIR à la question :
J'ai accepté avec philosophie le 1er mois de confinement, ça ne me déplaisait pas de rester chez moi, tranquille, il faisait beau, je me suis plongée dans le passé (photographies à classer), j'ai progressé dans le Sudoku, beaucoup lu (Clavel en particulier), méditer Zoom avec mon groupe de méditation. Je sortais tous les 3 jours, masque chirurgical sur le visage (hérité de la grippe H1N1 que j'avais contractée il y a 10 ans et qu'on m'avait dit indispensable pour protéger les autres et moi-même, il m'en restait une cinquantaine) pour à la fois faire des provisions et faire une marche sportive.
Le 2e mois m'a tout de suite mise en colère d'autant plus qu'il était question de confiner, pour combien de temps encore, les "vieux" ! Pour nous protéger ? Mais qui pour nous prennent-ils ?
La restriction de liberté m'a ramenée à mon enfance et à mon adolescence, éduquée dans un milieu populaire : fille à protéger, fille dont le destin était de se marier avec un homme qui la nourrirait, fille qui ne devait pas coûter cher : les études ? Ah ! non ! D'abord les frères, les garçons.
Ca m'a ramené à ma colère, aux larmes, à la révolte de mon enfance, de mon adolescence et à 1968 qui m'a permise de dire non, a légitimé mon droit d'exister en tant que personne.
Le 2e mois m'a ramenée à beaucoup de douleurs.
J'espère pouvoir aller retrouver ma fille et son compagnon dans un mois, vivre et être grand mère avec petit Ulysse : je l'aurais quitté à 3 mois, je le reverrai à 7 mois (j'ai reçu beaucoup de videos, de nouvelles tout au long de ces semaines).
J'ai profondément d'amitié pour CPU qui me fait rencontrer des personnes positives et m'ont donné et me donnent avant mon départ et puis à mon retour de Madagascar un bel élan de vie, d'humanité, de projets tant du côté bénévoles qu'étudiants..
Voilà mon témoignage, je ne sais pas s'il est politiquement correct ?

De Marie-Bruno
Quand l’imprévu bouscule nos attentes
Philosophons un peu. L’arrivée progressive puis massive du « Covid 19 » sur notre planète s’inscrit d’ores et déjà dans l’histoire comme l’événement capital du début du XXIème siècle.
Comme tout événement il est d’abord marqué par la surprise. Personne ne s’y attendait.
Il apparaît ensuite comme un appel. Quelle est ma réaction face à lui ?
Enfin, « arrivé sur des pattes de colombe », il est irréversible. Rien ne sera plus comme avant.
Cependant, ces trois caractères – imprévisibilité, altérité, irréversibilité – n’en font pas une réalité opaque à mon intelligence et à ma liberté. Il me reste possible de le situer, de le raconter, de l’assumer dans ma propre histoire, de le relier, si je suis chrétien, à l’événement fondamental de la Passion-Résurrection du Christ.
Le temps libéré par le confinement - du moins pour certains – peut être l’occasion de déchiffrer humblement, pauvrement, l’amour qui se cherche un passage à travers les souffrances décuplées par ce minuscule virus.
L’article de Marguerite Lena sur « La grâce du possible » (5 pages) aidera à poursuivre la réflexion.

De Mariel
Le confinement Les découvertes :
- On peut trouver son équilibre en restant à la maison sans avoir à courir à l’extérieur
- On apprend à se réjouir de petites choses, une promenade sous le soleil autour de chez soi, un coup de téléphone amical, un bon livre, une vidéo d’un petit-fils qui commence à marcher, la messe télévisée le dimanche matin…
Mais tout de même je suis bien contente de pouvoir ressortir librement, revoir mes amis et ma famille en chair et en os. Et je serai encore plus contente quand je pourrai m’asseoir à la terrasse d’un café, aller au cinéma, feuilleter un livre dans une librairie.

De Marie-Antoinette
Ce qui m’a le plus manqué dans ce confinement, ce sont les relations humaines. Heureusement que nous avions internet, Skype, le téléphone (qui n’a jamais autant fonctionné !). Mais rien ne remplace la présence humaine… Le confinement m’a permis de renouer avec certaines personnes dont je m’étais éloignée et de réfléchir à ce que je ferai après le confinement « pour qu’un autre monde apparaisse », comme on dit. Il ne faut pas attendre que les autres fassent : j’ai ma petite pierre à apporter.

D’Henri
Le lundi 16 mars, mon agenda s’est brutalement mis en sommeil.
Balades du mardi entre amis, bridge et pétanque avec les copains, conversation avec les étudiants du C.P.U., concerts, théâtres, escapade avec des amis en Croatie,…. Tout d’un coup, à cause de cette saloperie de virus, vicieux et fourbe, tout devient immobile
Points positifs : Avec ma femme, nous décidons de conserver une certaine discipline de vie avec des horaires réguliers.¼ d’heure de gymnastique pour démarrer la journée, suivie de 5 km à vélo, pour garder un semblant de forme. Le téléphone va bon train, pour prendre des nouvelles des enfants, des petits enfants, des amis. Je découvre quelques tâches ménagères, que j’avais lâchement abandonnées à ma femme.
En présence permanente avec ma femme, nous mesurons la chance que nous avons d’avoir une famille unie, d’être en bonne santé, et de percevoir notre retraite. Nous portons un regard nouveau sur notre façon de vivre et de consommer. Nous découvrons la messe du dimanche sur France 2, animée par les Dominicains. Nous nous évadons grâce à la lecture de bons livres : « l’odeur de la forêt », «Ame brisée », «L’Evangile selon Yong Sheng », «Le lambeau », et la relecture de plus anciens « Ceux de 14 », «Jésuites », « Le Retournement », … Grâce au téléphone, nous gardons le contact avec nos proches. Nous procédons au grand nettoyage de notre appartement, au tri, aux affaires à donner, en vue de notre déménagement prévu en juin ! Retrouver notre maison de campagne, après 2 mois d’absence, et pouvoir jardiner, nous fait revivre.
Points négatifs : Nous ne revoyons plus nos enfants et petits-enfants éloignés. Ne plus avoir de vie sociale, nous pèse. Le week-end de la Pentecôte où nous nous réunissons tous, traditionnellement dans notre maison de campagne, se fera sans eux. Le matraquage dans les médias sur le Covid sape notre moral.
Relation avec le C.P.U.
J’ai été heureux de garder le contact avec le C.P.U. grâce aux réunions organisées par Bernard Houot et ses compte-rendus limpides. J’espère des jours meilleurs pour reprendre ma cure de rajeunissement au contact des étudiants.

De Gabrielle
De mon côté le confinement a été une chance car j'ai pu suivre de près mes étudiants pendant 2 mois à raison d'un travail de Français par semaine. Maintenant, je les ai relancés pour cette fin d'année et j'ai, à ce jour, 6 réponses positives sur 8, dont une demandant jusqu'à fin juillet (mais par ordinateur). Nous ne retournerons pas au CPU pour cette année scolaire.

De Bernard D.
J’ai vécu la grande partie de cette période avec beaucoup de sérénité, une belle qualité de présence à ma famille, mes proches, des échanges riches et profonds par téléphone … et d’autres retrouvailles avec des relations plus distantes. La musique, la lecture, l’écriture, la culture, la parole et l’écoute, la marche ont accompagné mes journées. J’ai vécu aussi ce temps comme une retraite personnelle.
J’ai découvert un CPU sans murs et sans frontières !
Une étudiante en Chine qui continue son travail de thèse avec son directeur à Paris, son relecteur à Lyon …et qui envoie des masques à La France !
Une ancienne étudiante taïwanaise, qui presque au jour le jour s’inquiète pour chacun de nous et pour la France.
Un demandeur d’asile émerveillé par tous les gestes d’attention des bénévoles du CPU !
De nombreux gestes de solidarité. CPU sans murs et sans frontières mais pas sans âme !

De Geneviève

Le confinement, cette privation de liberté, la valeur et le plaisir essentiels pour moi (avec l’Amour) a eu peu d’impact dans ma relation avec le CPU.
C’est, à propos, l’occasion de demander pardon aux personnes que j’ai pu blesser car…un peu comme une ado (j’ai plus de 70 ans !) en opposition aux valeurs de ses parents, j’ai continué, par écrit, à contester les valeurs de notre milieu social, habitude que j’avais prise bien avant le confinement. De fait, évolué-je vers la sagesse ? Honnêtement ...je garde la nostalgie de ma période « frivole ».
Pendant ce confinement, « on » nous a empêché-e-s de faire du sport, « on » nous a empêché-e-s de voir, en vrai, les gens que nous aimons, et par le port d’un masque de sourire aux uns et aux autres, « on » nous a répété, « pour notre bien », plusieurs fois par jour que nous sommes vieux et fragiles, ainsi obligé-e-s de prendre conscience que le temps qui nous est imparti sur terre a beaucoup diminué, qu’il y a urgence à dire, à faire, si nous voulons laisser notre trace parce que la mort rode.
J’en ai pris acte …sauf qu’ainsi j’ai encore eu moins de temps que d’habitude pour y penser : outre les tâches familiales, par SKYPE, j’ai fait « classe à la maison » à mon petit-fils parisien de 8 ans et marionnettes à son petit-frère de 2ans et ½, et trois fois par semaine, cours de conversation française à Nan, étudiante chinoise du CPU, en plus des tchatches régulières avec les copines, des échanges avec le CPU, et avec les anciens étudiant-e-s…
Lorsque je serai au paradis, ne sera-t-il pas trop tard pour contempler les beautés de la terre, pour regarder assise au soleil le manège d'une merlette qui alimente ses petits dans l’arbre, d’observer un bouton de fleur (iris, rose …) qui grossit puis s'ouvre en une fleur nouvelle, de découvrir un peuplier se couvrir un peu plus chaque jour de feuilles pour devenir un grand et bel arbre tout vert. Est-ce que le Paradis, c’est le farniente éternel, serons- nous confinés sous terre pour l’éternité ou bien libres comme l’air, capables de traverser les murs et faire des blagues aux vivants, ou bien……. https://www.jepoemes.com/poeme/fable-la-folie-invite.7252/


De Gisèle
En ce qui concerne un souvenir du confinement
C'était au début du confinement et j'ai dû partir dans le sud parce que ma mère allait assez mal. J'ai donc pris la voiture avec ma petite attestation et un peu la peur du gendarme. En, fait je n'ai été arrêtée qu'une seule fois, à l'aller, à la sortie de Lyon et j'avais l'air tellement inquiète qu'on m'a laissée passer.
En revanche ce fut une expérience tout à fait surprenante que de rouler deux fois sur des autoroutes quasi-désertes (avec juste quelques camions). Un sentiment curieux de fin du monde et de calme ; de présent anxiogène et de retour dans le passé, en même temps.
Pour la première fois depuis des années, mon pare-brise a été taché par les insectes (ils ont profité de l'absence de voitures, tant mieux), dessinant une sorte de tableau impressionniste.. Je ne suis pas arrêtée sur les grandes aires, un peu craintive de l'épidémie. Les petites n'étaient pas bien fréquentées non plus.
Curieux voyage en solitaire pour moi, habituée des blabla cars.
Pour rassurer tout le monde, ma mère va bien et mon prochain voyage, dans quelques jours, sera probablement très différent ; retour en 2020.

D'Alice
Du point de vue du vécu, ce confinement n’a pas constitué en lui-même une difficulté.
Le travail avec les doctorants, par Internet et par téléphone, a été aussi régulier que d’habitude et même beaucoup plus dense, étant donné pour certains d’entre eux, l’urgence de rendre leurs travaux. Aucune différence donc ni dans le rythme de travail, ni quant à la contrainte de passer des heures à un bureau ou dans les livres. Les liens avec le CPU n’ont été de ce fait que peu modifiés, si ce n’est qu’il est devenu impossible de rencontrer certaines présences, d’échanger avec quelques-uns, de travailler en commun. Mais les liens tissés sont suffisamment profonds pour être restés intacts.
Mais du point de vue du collectif, l’instauration de cet ordre sanitaire par les pouvoirs politiques ne va pas sans poser question. Nous mesurons à cette occasion la fragilité de l’exercice démocratique, les limites de la concertation et de la délibération en commun, les décisions de l’exécutif, même étayées par un corps de spécialistes, semblant prises de façon unilatérale. Un gouvernement de spécialistes, qu’ils soient financiers, économistes ou médecins, n’est pas encore un gouvernement démocratique. D’autant que, comme il est apparu, les décisions ont beaucoup erré, ou plus encore, les mensonges d’État ont fait apparaître le peu de considération accordée aux citoyens et à l’exercice de la citoyenneté. Cette façon de traiter un peuple souverain en un troupeau infantile en dit long sur le statut de peuple démocratique, qui n’en est que le titre.
Se sont imposés au grand jour également des situations individuelles, familiales, invivables sur le plan financier, mais aussi sur le plan humain, qui ont pesé lourdement sur cette période, et sur nos consciences…
Concernant, cependant, la dimension positive de cette situation collective, on peut relever avec quelque étonnement qu’il est devenu tout à coup possible de faire passer les impératifs de l’économique au second plan. Ce qui est présenté comme impossible, impensable, quand il s’agit de faire droit à des catégories sociales financièrement très malmenées, s’avère en fin de compte praticable. Ce qui devrait nous permet de porter un tout autre regard sur les prétendues « lois du marché », sur l’économique en général, sur l’usage qu’en fait le politique, et sur le règne toujours recommencé des injustices sociales. Si nous n’y prenons garde.
Un espoir perce cependant, de voir reconnues précisément certaines catégories sociales injustement déclassées, que soient modifiés ou du moins infléchis les impératifs économiques, que d’autres orientations se dessinent. En effet, des formes de solidarités nouvelles se sont fait jour, des inventivités inattendues se sont développées…. le corps social semble davantage avoir pris corps. À nous de faire en sorte que ces lueurs d’espoir contribuent à un changement effectif, autant dans le lien social que dans l’exercice du politique.

De Jean L
J'avais deux étudiantes avant le confinement. Nakajima, japonaise a terminé son mémoire juste avant, et a pu soutenir au mois d'avril par visioconférence, avec mention très bien. Elle attend patiemment de pouvoir rentrer au japon, sans doute en septembre. Avec Hsiao H, taïwanaise, au début du confinement, j'ai eu une petite aventure : Une correction qu'elle m'avait demandée est restée sans réponse aux questions que je posais. Mail et téléphones de Han silencieux. Trouvant l'adresse de sa résidence par Jean-Noël, je n'ai pus joindre ni sa résidence, ni le Crous. Au bout d'un moment j'ai appelé la mairie, qui a fait venir la police, et qui a trouvé Han chez elle, tranquille, qui n'avait pas regardé ses messages ! Désormais, elle garde son téléphone ouvert pour pouvoir être jointe !
De bonnes choses me sont arrivées : Hasti, iranienne, ma toute première étudiante du CPU, il y a donc plus de 10 ans, qui vit maintenant au Canada, m'a demandé comment nous vivions le confinement et si nous allions bien. De même Quan Son, vietnamien avec qui j'ai travaillé en 2013
Pendant toute cette période, Yin, une autre taïwanaise, restée en contact avec Dominique et avec moi, m'a proposé de relire un bon nombre de traductions qu'elle fait de commentaires de tableaux d'un peintre taïwanais de l'époque japonaise de Taïwan. Expérience nouvelle, intéressante et instructive, qui nous a fait pas mal dialoguer. Pour finir, au moment du déconfinement, entendant ce qu'on disait en France du manque de masques, elle a voulu nous en envoyer. Mais c'était interdit ! Mais très touchant !

d'Iwona
Mes cours : J’ai découvert ZOOM lors de notre première réunion de bénévoles confinés, le lundi 13 avril 2020 où nous nous sommes réunis à 70 personnes et cela m’a donné des idées de cours en ligne. J’ai envoyé un mail à mes étudiants qui ont répondu présent, ravis de rompre la solitude, pleins d’envie de progresser en français pour pouvoir s’inscrire dès que possible aux examens et continuer les études.
Hormis les étudiants de CPU, j’ai contacté également quelques étudiants de l’Allaince Française et nous avons formé un groupe fort sympathique de 7 à 15 personnes. Il y a : Eljona, Lasha, Micheal, Naqibullah, Wataru, Jens, Vera, Ludiana, mais aussi quelques anciens qui sont rentrés maintenant chez eux : Malgosia (Malgorzata) Polonaise, actuellement en Suisse et Malwina de Pologne, Tsyren de Sibérie, Samah en Arabie saoudite, médecin, après 2 ans passés dans les hôpitaux en Belgique de retour chez elle. De l’Alliance Française, il y a des : Australiens en France, Mexicains au Mexique, Américains aux USA...
Pas évident de trouver le bon créneau horaire avec des gens répartis sur le globe de la Sibérie +7 heures jusqu’au Mexique ou USA -7 heures. A 15h30 en France, les uns se lèvent tandis que les autres en Sibérie se couchaient directement après la classe (à 18h en France il est 1h en Sibérie). Malgré ces difficultés tout le monde a souhaité continuer, même au-delà du confinement.
Durant nos cours, pour commencer, nous faisons habituellement le tour de table du confinement. Puis, nous passons aux compréhensions orales avec un questionnaire affiché sur l’écran partagé, ou des compréhensions écrites avec l’étude du vocabulaire. Pour élargir le vocabulaire, nous avons aussi étudié les expressions utilisées par Jean d’Ormesson dans son texte « Le français, une langue animale ».
Nous avons également débattu sur des sujets qui prêtent à la discussion, par exemple : pour ou contre le StopCOVID ; Le jour où Marguerite Yourcenar devint "Immortelle » (discrimination des femmes) ; Jean-Paul Sartre, le premier écrivain à refuser le prestigieux prix Nobel de littérature…,
Nous faisons des dictées…, de la prononciation en lecture sur le texte de Grand Corps Malade les « Effets secondaires » et apprenons à lire en rythme… la liste est longue.
Après le cours, j’envoie aux participants le document qui m’a servi de support leur permettant de finir et de consolider l’apprentissage.
Dernièrement, je leur ai envoyé un lien pour l’entrainement au DELF B2. Il y en a parmi eux qui doivent le passer en juin. J’attends les résultats.

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