Le CPU et moi...
Témoignages d'étudiants venus de loin

Quelques échos des étudiants des cours collectifs de FLE et de leurs enseignants…

OiseauAcquérir la maîtrise de la langue française est aujourd’hui une condition incontournable et vitale, voire urgente, pour pouvoir s’intégrer rapidement et durablement en France…
Devant ce constat, le CPU a fait le choix depuis 2009 de proposer aux jeunes "étudiants" et post-Bac, réfugiés en France, et qui demandent asile dans notre pays, des cours intensifs de la langue française (FLE - Français Langue Étrangère et FLI - Français Langue d’Intégration) assurés tous les jours matin ou après-midi par une équipe formée dans cette discipline. Nous sommes actuellement une équipe de sept enseignants : Anne, Nicole, Stéphanie, Odile, Valérie, Jean-Paul, et Mérète.

Étudiants et membres de l’équipe enseignante, nous avons souhaité partager avec vous quelques expériences, un peu de ce que nous vivons ensemble et recevons les uns des autres au jour le jour… Ce sont, ci-dessous, des textes écrits par quelques étudiants personnellement ou en groupes. L’expression et l’orthographe en ont été retravaillées collectivement en cours, occasion de beaux échanges…

Quand la vie renaît…
Je suis arrivée en France il y a deux ans au mois d'avril, ce mois où la nature prend vie. À l'intérieur de moi, je pense à cette vie mais il me semble que l'hiver arrive. Je me sens fatiguée et ne parviens même plus à remplir ma demande d'asile, ni à patienter pour mes rendez-vous, ni à attendre la réponse. Le plus dur, dans tout ça, c'est de songer que dans ma ville natale, j'étais entourée de l'amour de mes proches, et qu'à présent, j'étais seule. Les jours de solitude me pesaient et septembre est arrivé. Il fallait que j'agisse. Une fille m'a parlé du CPU. J'ai vu dans cette opportunité, l'occasion de nouer des contacts avec ce nouveau pays, cette culture différente et cette langue incompréhensible. Je me suis donc rendue au CPU et j’ai rencontré le directeur qui m'a encouragée à apprendre la langue. J'ai alors commencé l'école chaque jour avec mon professeur vraiment très gentil et ai rencontré des personnes dans le même cas que moi. Certaines sont devenues de véritables amies. Enfin, l'hiver arrive et cependant, la chaleur revient en moi. Et pour cela, je tiens à vous remercier. (Albanie)

Quand les murs tombent…
Je suis né, j’ai grandi et j’ai été éduqué dans une petite ville entourée de circulation intense. Ses sorties sont soit des portes électroniques et une personne derrière un appareil de test qui détermine si vous pouvez traverser, soit des barrières et des pierres de ciment qui empêchent le mouvement de tous les habitants de cette ville. Ces sorties sont entourées par l'armée, des armes et des caméras qui déterminent également si vous pouvez passer ou non. Cette réalité n'était pas seulement quelque chose qui capturait votre mouvement, mais qui captivait aussi votre pensée. Cette réalité bride votre imagination et ne vous permet pas de penser en dehors de ces limites, et au fur et à mesure que les jours et les années passent, on s'habitue à la pensée limitée, car c'est une grande prison.
J'ai compris cela quand je suis sorti de mon pays et suis arrivé en France. J’ai regardé mon pays d’origine de loin et comme ça j’ai vu la différence. Quand je suis arrivé en France, j’ai rencontré la seule personne que je connaissais. Il vivait dans un village où je suis allé directement à mon arrivée. J'ai été émerveillé par la beauté du lieu et des grands immeubles, et tous ceux qui m'entouraient parlaient français et j’aimerais apprendre cette langue. J’étais surpris de pouvoir me déplacer facilement même pour de grandes distances pour aller où je voulais et quand je voulais. Surpris aussi par la liberté de faire ce que je voulais. Aussi j'étais content de ça, mais ça n'a pas duré longtemps.
Après une semaine de mon arrivée, c'était une belle semaine, j'ai commencé à réaliser des choses ici, les problèmes ont commencé, après un petit problème avec la seule personne que je connaissais en France, j'ai commencé à vivre à droite et à gauche dans un grand nouveau monde dans une vie complètement différente de ma vie passée. J'ai été choqué par le monde autour de moi, avec des différentes nationalités et certaines personnes qui veulent vous exploiter de quelque manière que ce soit. J'ai passé 3 mois dans une petite ville, cette période a été suffisante pour ma frustration ici, j'ai ressenti le sens de l'aliénation et de vivre loin de votre famille et de vos amis, le sentiment permanent que vous êtes en insécurité et que c'est une chose difficile àdécrire, j’étais perdu. SolitudeJ'ai commencé à désespérer et à sentir que ma première semaine en France s'évaporait maintenant, je détestais ce grand monde, je voulais retourner dans ma petite cage, à laquelle j'avais l'habitude. Cependant, le retour ne semblait pas facile non plus. Il y avait une association dans le village qui avait demandé l'asile pour moi pendant la période que j'avais passée là-bas et ils m'ont dit que je devais venir constamment pour découvrir les nouveautés de ma situation. J’y allais tous jours et c'était mon seul espoir. L’assistant social un jour, il m'a dit que j’étais accepté en Foyer à Lyon et j'ai commencé à me demander: où est cette ville ? C’est quoi le foyer ? J'ai été accepté en Foyer à Lyon, qui est le CADA FORUM REFUGIES. Quelques jours plus tard un monsieur m'a accueilli là-bas. Il est devenu plus tard un de mes amis. Là j’aime beaucoup ma petite chambre. Le premier jour, j'ai rencontré un ami qui est devenu comme un frère en France, son nom est Tarek, et de nombreux amis. J'ai commencé à apprendre la langue au CPU et là j’ai trouvé plus que l’apprentissage de la langue française, j’ai trouvé des bonnes et merveilleuses personnes. Plus tard, j'ai commencé à voir l'espoir d'un bon avenir et d'une vie heureuse. Voici ma petite expérience de mon arrivée en France. (Palestine)

Ma rencontre avec le CPU…
Il y a des moments dans nos vies que nous ne pouvons jamais oublier. C’était le mois d’août 2018 quand ma vie a soudainement pris une nouvelle direction. Je n’avais jamais pensé qu’un jour je vivrais en France, mais quelque fois la vie est assez inattendue. Un nouveau chapitre de ma vie venait juste de commencer. Dans un pays tellement grand par rapport à mon pays et sans aucune connaissance de la langue française, les premiers jours je me sentais comme une goutte d’eau dans l’océan. Le temps passait et les choses commençaient à aller bien.
Le seul problème était juste la langue. Comme les enfants étaient encore petits et pas encore inscrits à la cantine de l’école maternelle, j’ai choisi de rester avec eux. Pendant les mois passés, c’était juste mon mari qui suivait un cours de français et une formation de menuiserie. Toute ma vie avait changé et je l’ai accepté. C’était encore le mois d’août, exactement un an après mon arrivée en France, quand mon assistant m’a proposé de m’inscrire au CPU afin de suivre un cours intensif de français. J’étais très heureuse. C’était un jour que j’avais toujours espéré. Le premier jour que je suis venue au CPU, les professeurs m’ont très bien accueillie. Quand je suis entrée j’ai eu un sentiment de quelque chose de très professionnel. Ma première pensée était que cet endroit me convenait et que j’appartenais à lui. Au CPU j’ai trouvé plus que la langue française. Ce qui m’étonne, c’est que ce sont les professeurs qui viennent pour nous et font un travail incroyable sans rien exiger en retour. En plus, j’ai trouvé beaucoup d’amis. En Albanie il n’y a pas de gens étrangers, mais ici à Lyon grâce au CPU maintenant j’ai des amis qui viennent de partout du monde entier. Enfin, je suis très reconnaissante au personnel du CPU parce que grâce à eux aujourd’hui j’ai appris la langue, j’ai des amis, et le plus important c’est que le CPU m’a donné un cadre pour ma vie. (Albanie)

Pourquoi je suis venu au CPU ?
Je voulais apprendre le Français très bien, j'ai demandé à mon assistante sociale et elle m'a parlé du CPU. Je suis venue prendre un RDV pour un entretien, puis après une semaine, j'ai été acceptée. Quand j'ai commencé, je ne comprenais pas bien le Français, mais maintenant je le comprends très bien et je parle un peu aussi, en quelques mois j'ai beaucoup progressé. Tout cela, je le dois à Madame Mérète et Madame Nicole, elles nous ont beaucoup aidés et continuent de nous aider. Je veux les remercier pour leur excellent travail qu'ils font sans rien attendre en retour. Je T'aime CPU
(Arménienne de Syrie)

Je suis venue au CPU pour apprendre le français et communiquer avec les autres. J'ai connu le CPU par mon assistante sociale. Lors du premier entretien la responsable m'a accueillie chaleureusement. Je sens des progrès dans l'apprentissage du français. Nous travaillons beaucoup et parlons avec les autres étudiantes. J'ai trouvé un cadre pour ma vie en étudiant le français. J'ai pu aider mes enfants dans leur travail scolaire. Je veux parler français pour trouver un travail. Je remercie Mérète et Nicole parce que vous nous aidez à trouver des solutions à nos problèmes. La liberté et l'égalité m'étonnent en France et aussi le respect des autres sans faire des différences. (Égypte)

ABCJe voulais apprendre le français très bien. J'ai demandé á mon assistante sociale et elle m'a proposé le CPU. Après les inscriptions, j’ai intégré les cours et j’ai rencontré des étudiants très différents. Pour moi, c’est une expérience très enrichissante de se retrouver en cours avec des personnes de cultures différentes. Ce cursus est intensif et donc nous permet d’apprendre de manière efficace. Par exemple, les étudiants sont répartis en groupes plus ou moins grands et donc dans ces circonstances il est plus facile pour les étudiants de se concentrer et pour les professeurs d’être plus attentifs à chacun. Les relations professeurs étudiants sont très bonnes et amicales, ce qui met une bonne ambiance de travail et ici c’est très bien pour apprendre. (Afghanistan)

Un jour j’ai entendu parler du CPU par une de mes amies qui étudiait au CPU. Après je lui ai demandé l’adresse, elle me l’a donnée. Quand je suis venue le CPU était fermé. Sur la porte était écrit le jour d’ouverture début Septembre. A l’accueil on m’a reçue chaleureusement. Cela m’a fait très plaisir. Je suis venue au CPU pour apprendre la langue française parce que j’en avais besoin. Au CPU je me sens très bien parce qu’il m’a donne beaucoup de choses pour m’exprimer en langue française. Je peux maintenant parler mieux et je comprends tout. J’aime le CPU parc qu’ici les Professeurs sont très bons. Je reste ici pour améliorer mon français afin de pouvoir étudier à l’Université. Merci au CPU et à mes professeurs: Mérète, Nicole, Stéphanie, Anne et Odile (Géorgie)

La "Famille CPU"
Nous avons connu le CPU à travers les amis et les associations comme le Forum Réfugiés. Nous venons au CPU, d'abord pour apprendre la langue française, pour communiquer avec les autres et pour connaître la culture française et nous tenir au courant de ce qui se passe dans la société, pour apprendre comment fonctionne le système français. Ici au CPU, nous avons été bien accueillis jusqu'à aujourd'hui. Nous nous sentons très heureux de faire partie du CPU avec les autres personnes qui aujourd'hui sont notre famille. Nous trouvons là une culture différente, des habitudes d'autres religions et de bonnes personnes spécialement Mmes Mérète et Nicole; que Dieu vous bénisse beaucoup tous les jours de votre vie et qu'Il continue de vous donner la sagesse et l'intelligence. Nous sommes prêts à apprendre avec vos enseignants. Nous aimons le CPU et toutes les personnes que nous trouvons ici, l'ambiance familiale de jour en jour avec les autres. Nous restons parce que ça nous plaît beaucoup. Ça nous aide à avancer dans notre vie tous les jours. Nous vous remercions toute l'équipe, nous aimerions qu'elle continue à aider l'institution du CPU. Nous vous souhaitons bonne chance à tous. Pour finir, le CPU est notre maison. (Angola), (Palestine) et (Nigéria)

Comment j’ai rencontré la langue française
Quand je suis venue à Lyon, je m’ennuyais. J’allais au cours de français dans le foyer mais ce n’était pas assez efficace. Un jour mon assistante sociale m’a informée qu’un très bon cours de français commencerait à Lyon. Elle m’a dit que: “si tu vas à ce cours, il pourra t’aider pour ta vie future”. Après quand le CPU m’a acceptée, j’ai commencé à aller tous les jours de L’Arbresle à Lyon avec mes amis Suhair et Khaled. Quand j’ai commencé au cours, je ne connaissais personne mais avec le temps je m’y suis habituée. J’ai commencé à comprendre les autres étudiants. Tout le monde ici est gentil, bienveillant et comme une famille. Je suis sûre que nos professeurs sont très expérimentés. Merci beaucoup à mes professeurs. J’ai eu de la chance que mon assistante sociale m’ait recommandée au CPU. (Turquie)

Une porte ouverte sur le monde…
Au début, je connaissais seulement quelques mots et expressions en français. "Bonjour, merci, pardon, je t'aime"... J’ai choisi ces cours de français au CPU parce que je voulais améliorer ma connaissance du français pour ouvrir les portes des entreprises françaises: la connaissance du français est un atout précieux pour l’étranger qui souhaite non seulement passer du temps ici, mais également travailler et être utile. J'ai senti le rythme de la vie. Grâce à ces cours j’ai atteint de bons résultats. Grâce à ces cours j’ai rencontré des gens représentant des cultures différentes. Maintenant je n’ai plus peur de parler français. Merci à mes professeurs pour leur bon cœur, pour leur générosité. Merci à Mérète, Nicole, Anne, Stéphanie et Odile ! (Biélorussie)

Une nouvelle vie grâce au CPU
Je suis venue au CPU à la suggestion de mon assistante sociale. La première fois que je suis venue j'ai rencontré le directeur du CPU. Il était très gentil. Alors j'ai rencontré une dame souriante, Madame Mérète, qui m'a posé quelques questions. Je pensais que ce serait très strict mais en fait c'est une femme au grand cœur. J'ai trouvé un environnement aimable avec de très bonnes personnes. Le cours m'a beaucoup aidée à progresser en français. Maintenant je peux parler librement ainsi que lire et écrire grâce aux professeurs qui font un travail très intense. Le CPU est entré dans ma vie à un moment où je me sentais perdue et où j'avais besoin d'une direction. (Albanie)

Le CPU, une "école de vie"…
Le CPU est comme une école de vie,
Elle ne t'apprend pas juste le français,
Mais elle est une conseillère et ta meilleure amie.
Si vous êtes attentifs dans les cours ici,
Vous pouvez apprendre mieux qu’à l'académie.
Les professeurs sont les meilleurs,
Ils te font te sentir bien,
Pas du tout seul.
Chacun de nous est venu pour une raison,
Et le CPU est fait comme une grande maison.
Dans les années à venir quand je vais être parent,
Je vais parler à mon fils du temps
Où j'étais au CPU comme étudiant.
Je suis très fier d'être ici,
Et je peux dire : J'adore le CPU !
Un bienfait n'est jamais perdu,
Et pour finir : MERCI CPU !!! (Albanie)

REGARDS DE L’EQUIPE ENSEIGNANTE…


• C’est tout à fait par hasard que je suis au CPU, suite à une conversation lors d’une réunion, avec un collègue bénévole dans une autre association. J’ai pris rendez-vous avec Jean-Noël, directeur de l’association, au mois de mai 2017. Ce qui m’a frappée en pénétrant dans ce lieu c’est le brassage des cultures et l’ambiance très chaleureuse qui y régnait.
Au mois de juin de la même année, j’ai participé à la journée des bénévoles. Au cours d’une discussion avec Mérète, responsable des cours de FLE, j’ai décidé de m’engager comme bénévole à la rentrée 2017. Rigueur et professionnalisme caractérisent l’organisation de ces cours.
Sans être une ancienne de l’association, je peux quand même témoigner du soutien apporté aux demandeurs d’asile, pour les aider dans l’apprentissage et le perfectionnement de la langue française. Certains de ces étudiants progressent rapidement et aspirent à pousser plus loin leurs études, en choisissant un cursus universitaire qui leur convient, aidés et suivis par l’équipe enseignante.

mains02Outre le volet pédagogique, le CPU offre des moments d’échanges et de partage en organisant des sorties culturelles et sociales à des étudiants qui ont eu un parcours de vie difficile.
Sur le plan humain, je suis bien placée pour comprendre la souffrance de ces étudiants, ayant moi-même vécu les quinze années de guerre civile au Liban. Guerre qui a poussé des milliers de personnes à s’exiler et qui a détruit même leur espoir dans l’avenir.
Et je termine en soulignant que l’accompagnement, la fraternité et l’ouverture sur le monde sont de grandes et belles caractéristiques du CPU. Odile

• Le CPU est pour moi un lieu de grande humanité. Ce n’est pas une école : de ce fait, il n’y a pas d’obligation de résultats sous forme de notes et d’examens. Cependant, pour moi, préparer et animer un cours, c’est beaucoup de travail car je fais du « sur mesure » afin de pouvoir répondre le plus précisément possible aux besoins linguistiques et culturels de nos étudiants. Mais, je le fais dans le cadre du CPU parce que je l’ai décidé et que j’ai trouvé là, non seulement des étudiants très intéressants, mais aussi des collègues et une vie sociale propre au CPU qui, je pense, enrichissent ma façon d’enseigner.
Un cours de français, c’est un moment où s’exprime la confiance mutuelle entre étudiants et avec le professeur. Le cours est un dialogue permanent, détendu, avec les étudiants, à travers les activités très variées qui leur sont proposées, et même lorsqu’il s’agit d’acquérir pour eux des notions grammaticales difficiles. On perçoit à travers ce dialogue, l’énergie vitale et le courage admirables dont ils ont fait preuve pour quitter leur pays et arriver jusqu’en France; et dont ils font preuve, ici, chaque jour, pour parvenir à se faire une place dans la société française. Affleurent aussi parfois les graves difficultés vécues antérieurement qu’ils évoquent au détour d’un échange.
Le CPU et le cours de français quotidien, proposent aussi un cadre dans la vie des étudiants marquée par les difficultés d’hébergement, le manque de sécurité financière et administrative qui s’ajoutent aux effets du déracinement et, bien souvent, à la solitude. Ils disent la souffrance de ne plus avoir la maîtrise de leur vie, et de ne pas pouvoir imaginer leur avenir.
Au-delà de l’apprentissage du français, et avant même de penser à pouvoir travailler, il y a chez chacun, une forte envie de rencontrer des français, de connaître leur mode de vie, de faire des choses avec eux. A nous, et à vous, de nous efforcer de répondre à ce désir ! Nicole

• Pour ma part, je voudrais simplement exprimer la grande joie que j’ai à vivre ce compagnonnage avec nos jeunes migrants qui nous déplacent beaucoup, et qui me déplacent…
mainsEn début d’année, ils arrivent tous au CPU avec des craintes, beaucoup de méfiance les uns envers les autres, même avec une certaine réserve envers nous, et puis, peu à peu, la glace se brise et laisse place à un climat de confiance avec des moments de rire et d’une certaine complicité
Ils sont heureux d’être là, d’être ensemble, de se faire des amis et de découvrir d’autres cultures, et ils nous le disent, et nous, nous sommes heureux avec eux même si nous sommes aussi parfois témoins de beaucoup de souffrance, voire d’espoirs et de vies brisés… Je suis touchée par leur grande confiance mais aussi des fois un peu mal à l’aise car ils mettent souvent beaucoup trop d’espoir en notre capacité à les aider à trouver des solutions "miracle" à leurs problèmes… Alors que le plus souvent nous ne pouvons qu’être là et les écouter…, accepter de les accompagner à leur rythme. La vie est fragile, celle que je contemple en eux, comme la mienne.
A l’occasion de tel ou tel événement, il nous arrive d’avoir de vrais échanges très profonds avec eux sur le sens de la vie, sur des questions qui les touchent plus particulièrement…, des échanges en vérité qui m’ont émue et souvent laissé sans voix…
Pour beaucoup, ils portent les traces d’une humanité blessée, mais ils nous révèlent en même temps à travers leur jeunesse et leur grand désir de vivre, la joie de vivre, la force de la Vie…
Je suis aussi touchée par mes collègues qui tous, outre leurs compétences professionnelles, sont très présents et attentifs à chaque jeune, à leurs questions, à leurs soucis et difficultés… Ils donnent vraiment de leur temps et de leur personne pour les écouter, chercher avec eux, chercher à les mettre en lien avec d’autres, des associations ou des relations…
VisageLe contact avec de nombreux jeunes migrants est pour moi une vraie école de vie où j’apprends à accueillir l’autre dans « l’unicité », la particularité et la globalité de son histoire, et où j’apprends à croire vraiment en la vie en l’autre. Essayer de comprendre ce que la vie a fait de quelqu’un, comment elle l’a marqué, affecté, enrichi, même dans ses échecs les plus douloureux, pour découvrir enfin que la vie lui appartient, et nous appartient, que nous pouvons malgré des tas de souffrances et d’échecs lui donner un sens, une orientation, tendre vers un but, contempler tout ce qui permet à l’homme d’être davantage homme, surtout ce qui lui permet de grandir en humanité..., cette démarche est pour moi de l’ordre d’une expérience spirituelle… Mérète


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