Ce que j'ai reçu et voudrais transmettre.
Réponses des bénévoles

Comme les étudiants, les bénévoles du CPU citent en abondance les vertus morales transmises par leurs parents et leur famille proche, au point de les idéaliser quelque peu, semble-t-il.
A ces vertus s'ajoutent des valeurs notamment religieuses, ainsi que des qualités, des goûts, des passions, des apprentissages, de la culture et l'exemples donné. Certains indiquent le contexte dans lequel s'est effectuée cette transmission.

La plupart veulent transmettre ou ont transmis ces mêmes valeurs et ces vertus en tenant compte du fait que les époques ont changé et qu'il faut en tenir compte dans cette transmission.

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Une bénévole nous suggère de réfléchir sur ce texte de Christiane Singer, romancière philosophe, concernant la transmission : " Ce n est pas un contenu que j'ai à transmettre, je m'en garderais, chaque âme est dans une telle richesse. Mais il faut que cette richesse soit réveillée. La transmission, c'est cette attention portée à un autre qui fait qu'en lui surgit le meilleur de lui même".

De François :
Ce que j’ai reçu de plus important, ce sont des valeurs morales, de l’amour et de la gaité qui m’ont été donnés par mes parents, mais parfois aussi par le cercle familial rapproché (frères, cousines, oncles, tantes, ou beaux-parents).
Ces valeurs morales, c’est la préoccupation du voisin, le sens du service des autres, l’honnêteté, la modération qui va avec la lutte contre le gaspillage ou les conflits.
L’amour reçu comme enfant m’a permis d’abord de m’aimer moi-même, fondement indispensable pour ensuite aimer les autres dans un élargissement continu au cours de la vie, depuis les parents et les frères, puis sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et jusqu’au-delà du cercle familial. L’exemple des parents qui éprouvent plus de bonheur à donner qu’à posséder, qui font confiance et laissent libres est fondamental.
La gaîté s’est traduite dans ma passion pour le sport, la nature et la musique, dans mon humour et mes jeux de mots et dans mon goût pour les jeux, toutes caractéristiques de mon papa.
Mais mes parents sont aussi ceux qui ont préparé en moi le terrain qui m’a permis à l’âge adulte de trouver la foi chrétienne. Cette transmission anime toutes les autres, la charité renforçant le service aux autres, le don, l’espérance renforçant la confiance en l’avenir et la foi renforçant le bonheur.
Certains éducateurs ont contribué à ces transmissions, en particulier les militants de l’association pour le développement Frères des Hommes, des professeurs de maths et de français, la famille des animateurs Scouts de France et Bernard Tschaen, un prêtre qui m’a permis de passer d’une foi d’enfant à une foi d’adulte.
Je souhaite transmettre à mon tour autant que j’ai reçu, à mes enfants et petits-enfants, mais aussi à ceux qui sont demandeurs. Mon but est de communiquer la possibilité du bonheur, en faisant comprendre qu’il vient du don et non de la possession, de l’engagement et de la foi. Ce dernier point est le plus difficile. Je souhaite aussi transmettre les compétences que j’ai acquises au cours de ma vie, dans le domaine professionnel concernant les ressources en eau ou les usages de l’eau, ou dans le domaine privé concernant volley-ball, guitare, langues, nature et Evangile.

D'Olivier :
Le plus important dans ce que j’ai reçu ? Des parents à la fois stricts et humains, très chrétiens, capables d’évoluer, un peu inquiets de mal faire; une Ardèche rurale qui m’a donné le goût du plein-air et de l’effort physique; un deuxième « père » et des « frères et sœurs » qui m’ont ouvert l’Evangile et la vie, au moment de la vie étudiante.
Je crois que, quand ça m’est donné, j’aime transmettre un goût de vivre, une joie de vivre, un sens de la pédagogie.

De Pierre :
Il m’est difficile de faire le tri dans ce que m’ont apporté mes parents, éducateurs et autres relations, tellement j’ai reçu ! Mes parents m’ont appris à faire passer mon devoir avant mes droits, ce qui n’est plus tout à fait la tendance d’aujourd’hui. Leur générosité et leur souci de l’accueil de l’autre, pauvre ou riche, petit ou bien en vue, simplet ou intellectuel, m’ont marqué et incité à la bienveillance. Ils ont été aussi des exemples de chrétiens désintéressés. L’argent était pour eux un moyen et non une fin, et ils manifestaient une grande indifférence ignatienne à son égard. C’est certainement ce qui me rend le plus libre par rapport aux publicités et aux sollicitations matérialistes diverses et variées. Mes éducateurs jésuites m’ont aidé à gommer mon caractère primaire et à prendre du recul par rapport aux situations que la vie nous demande d’assumer avec discernement.
Et, au premier rang des autres, je voudrais placer ma femme dont la délicatesse et la discrétion ont déteint (au moins un peu, j’espère !) sur moi. Enfin, la droiture, le dynamisme et l’optimisme de mes enfants et petits enfants m’aident à poursuivre mon chemin sur la terre en disant tous les matins : Deo gratias!
Il va presque sans dire que je crois avoir transmis et que je désire continuer à transmettre la bienveillance, l’optimisme (qui découle naturellement d’un certain désintérêt pour l’argent) et le dévouement sans mesure qui m’est parfois reproché par certains amis plus réalistes ou moins émotifs que moi ! J’ai écrit sur les murs de mon bureau "Donnez une mesure pleine et débordante et elle vous sera rendue au centuple et Tant qu’on n’a pas tout donné, on n’a rien donné."

De Geneviève :
Mon mari dit, en plaisantant, qu’en ce qui concerne l’éducation, nous sommes la génération sacrifiée parce que nous avons obéi à nos parents et que nous obéissons à nos enfants et petits-enfants.
A notre époque, quatre-vingts pour cent de notre éducation était faite par les parents, l’instituteur et le curé.
Moi-même j’ai essayé d’être, avec plus ou moins de réussite, conforme aux souhaits de mes parents en respectant les règles sociales de l’époque, très contraignantes surtout pour les filles. J’ai eu aussi heureusement beaucoup de temps pour rêver. J’ai ainsi joui du plus grand des privilèges : celui d’avoir de grandes plages de liberté pour me faire en partie -moi-même. Et puis, en mai 68, j’ai eu 20 ans et une vraie liberté.
La Liberté, pour mes parents, c’était défendre la Patrie, combattre le nazisme, le sexisme latent. Pour moi, la conquête de la liberté a continué à être d’actualité, mais de façon progressive et très personnelle, réfléchie, adaptée à mes conditions de vie, tout en restant pour moi une exigence pour vivre dans la dignité. A l’heure des réseaux sociaux, à celle de l’internationalisation de l’information, nos enfants ont franchi un pas supplémentaire. Leur liberté prend d’autres dimensions. Ils font beaucoup de choix eux-mêmes dans leurs études, leur logement, leur parcours professionnel. Ils ont gagné de l’indépendance et de l’autonomie. Nous tenons compte de leur avis et nous continuons à leur consacrer une partie de nos loisirs.
Avec les petits-enfants, l’éducation se complique du fait de l’influence des réseaux sociaux. Cela implique de la vigilance et du dialogue.
Notre challenge est de nous adapter au futur sans renier le passé, et donc d’adapter l’éducation à l’évolution du contexte historique. Nous en avons conscience et je crois que nous réussissons à en faire prendre conscience aux générations nouvelles.

De Jean-Paul :
Ce que j’ai reçu d’important : De mes parents : être honnête et juste (je viens d’une fratrie de 5 dont 4 rapprochés). Les grandes promenades à Lyon m’ont donné le goût de la marche et les parties de pêches, de beaux souvenirs. De personnes de ma famille et amis : montrer un beau visage en toutes circonstances ainsi que de l’amitié.
J’espère avoir transmis à mes enfants le sens de l’honnêteté et qu’il est juste, à son tour, de donner de son temps et de sa richesse.

De Geneviève :
Chacun de leur côté puis ensemble, mes parents ont dû affronter les unes après les autres des conditions psychologiques et matérielles très différentes et très dures. Ils m’ont ainsi transmis une grande adaptabilité au changement, c'est-à-dire le courage de prendre à bras le corps des épreuves diverses et variées, et la conviction qu’elles sont surmontables. Je voudrais rendre hommage à toutes les personnes persévérantes en pensant à la phrase de Nietzche « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ».
J’en ai vécu un exemple concret en accompagnant une doctorante dans ses démarches administratives à la mairie pour accueillir sa maman qu’elle avait invitée à sa soutenance de thèse. Il faut être vraiment persévérante pour faire un tel cadeau à sa mère! Il a fallu y consacrer une journée entière, en tremblant pour savoir si tous les documents demandés étaient suffisants.
Bravo à cette jeune ! Grâce à elle j’ai encore plus foi en la force de survie de l’humanité ! Et je sais que cette étudiante se souviendra encore mieux du proverbe « Aide –toi et le ciel t’aidera » que je lui ai transmis.

De Philippe :
Ce que j'ai reçu de plus important de mes parents, c’est le goût de l'effort et de vérité face aux difficultés. A cela s’ajoute ce que m’ont donné quelques rares professeurs : l’enthousiasme et le souci pédagogique allant de pair avec le respect de l'auditoire.
Ce que je souhaite transmettre, c’est l’effort personnel et le respect de l'autre.

De Bernard :
Ce que j’ai reçu de mes parents : la vie, mes chromosomes, mon nom et prénom, des potentialités et des capacités, mais aussi des tares pas trop grandes heureusement, des tas de préjugés dont il m’a fallu me défaire, beaucoup d’inconscience sur l’état de la planète, sur l’impact de leurs habitudes de consommation, et pas mal de manques en matière d’éducation sentimentale, sociale, politique. Mais ils ont eu la sagesse en fin de vie de partager leurs biens de façon équitable et bienveillante pour préserver l’entente familiale. Ils m’ont fait naître aussi dans un beau pays, possédant une langue merveilleuse et une haute culture.
Ce que j’ai reçu ensuite est venu de rencontres plus ou moins fortuites, d’enseignants, de camarades, de prêtres, d’hommes et de femmes qui m’ont appris d’autres choses sur la vie, qui m’ont aidé à réfléchir et à prendre en main ma destinée en y prenant ma part de responsabilité et en découvrant que la vie est belle (ainsi que beaucoup de personnes !), qu’elle vaut la peine d’être vécue et qu’elle vaut le coup d’être transmise.
Maintenant, je ne peux que susciter chez mes enfants, mes petits-enfants et chez ceux que je rencontre l’envie de découvrir ce qu’ils sont vraiment au fond d’eux-mêmes, ce à quoi ils sont appelés et ce qui est la source du bonheur. Je trouve que notre époque qui est celle du bruit, du décervellement, du selfie, du narcissisme rend cette tâche difficile, mais ô combien nécessaire.

De René :
J’ai reçu les valeurs suivantes : la vérité, la justice, le respect de l'autre, la liberté, l'amour Je veux transmettre ces mêmes valeurs qui sont pour moi essentielles et nécessaires pour fonder un "vivre ensemble".

D'Elisabeth :
Ce que j’ai reçu : tout ce que j'aime, la musique, la montagne, les voyages, les bons vins, la photo, le beau, le goût de l'effort, la droiture, tout cela je le dois à mon père. Le plaisir de cuisiner, celui d'avoir une maison bien tenue, je les tiens de ma mère et celui de pâtisser, de ma grand-mère qui m'autorisait à lécher les plats qui lui avaient servi à confectionner ses gâteaux. De ma grand-mère, j'ai aussi reçu le goût des jeux de société et des contes, ce que j'ai largement pratiqué avec mes petits-enfants. J'ai reproduit avec mes enfants ce que j'avais appris, sans vraiment exercer une quelconque volonté de transmettre. Les choses se sont faites d'elles-mêmes, avec des moins ici, avec des plus là, dans des domaines autres que ceux avec lesquels j'étais familière. Je retrouve chez mes petits-enfants le goût de l'effort et du travail bien fait. C'est une belle satisfaction.

 

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