Rencontres marquantes
- Réponses des bénévoles-

Les rencontres marquantes citées par les bénévoles sont diverses et, comme dans le cas des étudiants, elles suscitent des émerveillements, secouent des préjugés, réorientent le regard, ou interviennent à des moments décisifs de choix d’orientation.
Ce qui les différencie pourtant, c’est sans doute la durée des engagements auxquels la plupart de ces rencontres ont donné lieu :
- engagement vocationnel : vie religieuse ou mariage;
- engagement au service des plus démunis;
- engagement dans des amitiés de voisinage ou dépassant les frontières,
- engagement au service de la paix ou de la réconciliation entre les peuples.
Pour la plupart d’entre elles, moins éphémères ou anecdotiques que celle des étudiants, elles témoignent cependant de la même ouverture sur les autres et sur l’action.

Nous les présentons ci-après sans ordre particulier.

BenevChoixS : Au cours d’une période de ma vie, vers l’âge de 40 ans, j’ai eu des choix professionnels et personnels à faire. J’étais très « tiraillée » entre plusieurs possibilités. J’ai rencontré une femme qui, avec beaucoup d’attention et de délicatesse, m’a aidée à passer au-delà des arguments rationnels, et m’a fait nommer mes émotions, mes ressentis, mes raisons sous-jacentes. Ainsi j’ai pu faire des choix, en étant au plus près de mes besoins et souhaits.

BenevGenreA : J’ai rencontré au cours d’un séjour dans un monastère une femme de grande prestance, très à l’aise dans des fonctions de haute responsabilité, autant que discrète, qui avait choisi, quelques mois auparavant, la cinquantaine passée, de ... devenir femme. Traitement et connaissances scientifiques à l’appui, la métamorphose extérieure était accomplie, en attendant l’intervention chirurgicale prévue pour février. Une grande simplicité et humanité dans sa présence, autant que dans l’accueil des moines. Sans doute une grande foi aussi. Une belle rencontre, en un mot, avec une belle personne, qui donne à réfléchir quant aux oukases et certitudes, absolues autant que sans éclairage scientifique, des défenseurs du genre.

Allemand

C : J’avais 10 ans, c’était sous l’occupation allemande. Un soir on sonne… Un soldat allemand prend ma mère par la main et l’entraîne dans la rue. Nous sommes tétanisés. C’était seulement pour lui montrer que mon petit frère faisait dangereusement l’idiot sur le balcon… ouf ! D’ennemi à fuir, il est devenu soudain un humain... peut-être un grand’frère ou un papa ?
Quand après la guerre on a favorisé la réconciliation franco-allemande, j’ai travaillé au sein de l’APEL pour des jumelages d’écoles et des rencontres de jeunes et de professeurs.

HelenH : L'hiver battant son plein, j'ai décidé d'inviter mes élèves à découvrir un plat typiquement français : la raclette. Nous étions 6 dans mon petit appartement : 2 Arméniens et 3 Chinois. Vous connaissez les Arméniens : des hommes, des vrais ! Ils s'occupent d'ouvrir les bouteilles, fument des cigarettes et parlent de voitures. Les Chinois, quant à eux, eurent très envie d'un karaoké pour animer la soirée. Trémolos dans la voix, paillettes dans les yeux, les voilà qui nous interprétèrent dans un romantisme rose à souhait toutes les plus belles - donc les plus dramatiques ! - chansons d'amour… sous les yeux ébahis des Arméniens, se demandant de quelle espèce les Chinois sont faits !
J'avoue que j'ai ri autant des cœurs en guimauve des Chinois que des yeux ronds des Arméniens !

BeneSyrieM : En préparant le 10ème anniversaire du CPU, j'ai eu l'occasion d'aider des étudiants syriens, que je ne connaissais pas encore, à préparer leur stand. J'ai été frappée par leur sérénité, leur courage. En les entendant commenter les belles photos de leur pays avec fierté, on sentait comme un espoir d'un avenir meilleur. Sachant que certains avaient encore de la famille en Syrie, on ne pouvait qu'admirer leur sourire, leur calme et leur entrain. J'ai eu la même impression en parlant avec un couple syrien en visite dans la cour. Depuis, je suis les évènements de cette région et je prie tous les jours pour que cette nation retrouve sa sécurité, son indépendance et sa paix sociale.

CoupleG : « On n’aurait pas parié un iota sur le futur de votre couple », m’a dit dernièrement un cousin quand j’ai affirmé que la personne qui m’a le plus marquée est mon mari JP ! Quand nous fîmes connaissance, j’étais quelqu’un de très peu altruiste, j’avais une connaissance du monde quasiment nulle, habitant dans un village au milieu de nulle part, et j’étais très complexée… Mais j’aimais la vie, rire, chanter ! Lui aimait organiser, même les jeux ! Il avait fréquenté des écoles catho et continué ses études à Paris.
Nous nous mariâmes (malgré l’avis de nos parents réciproques), je changeai de milieu social et intellectuel. J’exerçai un métier qui me passionna (institutrice). Nous fîmes deux enfants, nous déménageâmes très souvent, nous rencontrâmes beaucoup de gens, et je dus gérer, toute seule, beaucoup de situations : « Mais si ! tu es capable de le faire ! » me martelait JP.
Eh ben, oui ! j’ai découvert, grâce à JP que je suis capable de beaucoup de choses … avec beaucoup de chance, de débrouillardise, de travail et d’Amour….et, cerises sur le gâteau, j’ai continué à beaucoup apprécier la vie et à m’y amuser (!) - (bon, pas toujours, mais qu’importe ?). Maintenant je pense que moi aussi j’ai été et je suis devenue importante pour d’autres et mon mari continue de me bluffer par son côté positif. Nous allons bientôt fêter nos noces d’or, alors que, comme dirait notre petit-fils, « on ne vous aurait pas matché sur Tender ! ».
Moralité : les algorithmes sont une science inexacte ; bien fait pour eux !

Pape1MB : Le 27 Janvier 2015, après avoir participé à la messe qu’il célèbre chaque matin, dans la chapelle Sainte Marthe du Vatican, j’ai eu la grande joie de rencontrer le pape François.

Pape2Après la célébration, le saint Père a l’habitude de recevoir personnellement les personnes présentes. Une longue file se forme et chacun, à son tour, a la possibilité de lui parler. Moment inoubliable que celui où j’ai pu exprimer quelques mots (en italien !) à celui qui avait canonisé quelques mois auparavant Marie de l’Incarnation, cette ursuline missionnaire du XVIIème siècle. Le pape François accueille simplement, écoute attentivement, répond à ce qui lui est dit avec une grande simplicité et un beau sourire qui réconforte. Son regard direct et lumineux est gravé en ma mémoire. Le temps de la rencontre est bref, mais d’une telle intensité qu’il est gravé à jamais dans la mémoire !

BenevAcc

A : Une vraie rencontre ça fait changer, d'un côté ou d'un autre ! Quand elle est arrivée dans l'atelier d'écriture, si jeune, toute menue et si souriante, je n'imaginais pas de quoi sa vie était faite. Sa vie : mettre au monde des enfants, des centaines d’enfants déjà, dans un pays fort lointain, en guerre. Sa force au service de la vie des autres et de sa survie m’a bouleversée. Pour accueillir sans a priori les personnes là où elles en sont, il m’a fallu accepter mes limites et changer mon regard aussi sur ma vie personnelle. Cette rencontre m’a fait mûrir un peu plus et a ouvert la voie aux rencontres suivantes avec les étudiants.

BenevIranA : Grâce au CPU, ce lieu unique, j'ai noué des relations privilégiées avec des Iraniens qui se prolongent avec le temps.
Ceux ci m'ont permis de découvrir leur pays si beau et si attachant en m'organisant un voyage, en m'invitant ainsi qu'une autre bénévole au mariage de l'un à Shiraz. Ces rencontres marquantes m'ont incitée à découvrir et à me passionner pour leur culture enrichissante.
Merci à vous Kouros, Kourosh, Vahid, Fatemeh, Fahizeh, Fahimeh, quelle joie de vous avoir rencontrés et de poursuivre ces liens d'amitié si chaleureux.

B : Invités par une association accueillant des SDF pour une nuit dans la sacristie d’une église, nous étions tout un groupe allongé sur le parquet pour dormir. J’avais à mes côtés une personne de la rue d’une quarantaine d’années enroulée dans une simple couverture tandis que j’étais bien au chaud dans mon sac de couchage. Le froid se fit plus vif au milieu de la nuit et j’entendis mon voisin chercher dans les tiroirs de la sacristie de quoi avoir un peu plus chaud. Je n’y fis guère attention.
Mais le matin, quand un rayon de soleil commença à filtrer par une fenêtre, j’eus une véritable révélation.
Revêtu d’une somptueuse chasuble d’or d’où émergeait son beau visage, ce n’était plus un pauvre SDF qui était à mes côtés, c’était un homme transfiguré. C’était le Christ présent au milieu de nous.
Mes amis contemplèrent à leur tour cette icône vivante de Dieu avant que notre compagnon ne se réveille.
Personne ne lui fit de reproche. On le fêta au contraire en s’excusant de ne pas lui avoir donné de quoi se couvrir chaudement alors qu’il était mal vêtu et en le remerciant de nous avoir aidés à reconnaître le Christ au milieu de nous. Vision mystique diront certains, mais tellement belle et évidente qu’elle a conforté notre foi et notre façon de regarder notre prochain.

BenveSophieM : Sophie, 9 ans, est la filleule que je parraine depuis 5 ans. Elle est scolarisée à Yayème, à 150 kms au sud de Dakar, au Sénégal. Invitée une fois exceptionnellement dans sa classe, j’ai pu constater le désir et le réel bonheur d’apprendre le français chez ces jeunes enfants. Ce qui m’a marquée, c’est que Sophie claque souvent des doigts car elle connaît la réponse mais la directrice est vigilante, elle fait participer l’ensemble de la classe. Sophie est la 1ère de la classe mais c’est aussi un vrai boute-en-train. Elle ira loin Sophie !

BenevVosinY : Rencontre avec mon voisin, Pierre (20 ans de moins que moi), dans la rue. Nous nous connaissons depuis plus de 10 ans, on se rend des petits services mais c’est tout. Il se met à me parler de sa maladie grave mais sans s’y étendre mais surtout me dit combien maintenant il voit la vie autrement…les petites joies, la joie d’être en vie.
J’ai été touchée par ce merveilleux cadeau d’une véritable rencontre profonde…mais les petits gestes réciproques au quotidien, les tutoiements, ont creusé un bon sillon de confiance pour libérer une parole dans l’échange et le désir de porter ensemble ce moment, ce temps fort. C’est tellement rare, les véritables rencontres et dialogues. Parole de sincère amitié qui ne s’était pas révélée en mots jusque-là.

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