Interculturalité :
Les étonnements de nos étudiants
Une bénévole avoue qu’elle a souvent des difficultés à faire parler les jeunes étrangers, soit parce qu'ils sont réservés, - il faut revenir plusieurs fois à la charge- soit parce qu'ils donnent l'impression de ne pas s'intéresser à beaucoup de choses, le risque étant alors de retomber systématiquement dans des banalités. En réalité, dit-elle, ces étudiants internationaux vivent entre eux et rencontrent très peu ou pas d'autres nationalités et leurs remarques portent surtout sur le ou les Français… |
La difficulté des rencontres interculturelles : Parfois le professeur se met à parler d’un autre sujet avec un autre étudiant. C’est un peu déconcertant si on n’est pas bien au courant du sujet. (Etudiante chinoise) On ignorait que les repas partagés au CPU peuvent permettre de rencontrer d’autres nationalités ! Notre professeur avait oublié de nous en parler… (Etudiante chinois) La plupart des étudiants européens sont forts en compréhension orale. Pour mieux développer les relations entre les étudiants, est-ce qu’il serait possible d’organiser avec eux plus d’activités en dehors des cours ? (Etudiante chinoise) … dues aux comportements des groupes nationaux : Les étudiants étrangers restent souvent entre eux. Avec les étudiants de mon pays, nous nous rencontrons souvent au CPU mais nous nous parlons en chinois mandarin, ce qui n’est pas très pratique pour améliorer notre niveau de français ! (Etudiante chinoise) … dues au pays et à la langue d’origine ainsi qu’à la personnalité :
C’est un peu difficile de communiquer avec les autres étudiants parce que mon niveau de français n’est pas très élevé. Les étudiants d’Europe peuvent parler beaucoup de langues. C’est normal parce que les langues occidentales ont les mêmes racines. Mais pour les étudiants qui viennent d’Afrique et du Moyen-Orient, leur langue maternelle est l’arabe, et ils étudient et parlent aussi très bien le français et même l’anglais. Cela m’étonne beaucoup. (Etudiante chinoise)
Je découvre que les difficultés rencontrées par les étudiants ne sont pas les mêmes. Ça dépend du pays d’où on vient. (Etudiant colombien) Les différences ne sont pas seulement interculturelles, mais tiennent aussi au caractère personnel de chacun! (Etudiante albanaise) Pour moi, quand je travaille en groupe avec d’autres étudiants, je trouve qu'il y a un peu de problème, car nous avons des cultures différentes. Mais c'est une bonne chose pour moi, car je peux développer des savoirs que je ne connais pas. (étudiant chinois en géographie) |
Les belles découvertes :
Depuis 2 ans que je suis au CPU, j’ai trouvé beaucoup d’amis internationaux. Je n’avais jamais pensé qu’on puisse faire connaissance si facilement et si simplement. Malgré la différence de nos langues, il y a toujours une relation conviviale possible. (Etudiante russe). Je suis des cours au CPU depuis seulement 2 semaines et je m’aperçois que les camarades de mon groupe sont tous très généreux; et tous ont la passion de travailler dur en français, afin de bien réussir les études. (Etudiante chinoise) Quand je pense à cette question, je me souviens d’une collègue que j’avais, le semestre dernier, à l’université. C’était une étudiante taïwanaise qui habituellement était très distante, au contraire des personnes de mon pays qui sont chaleureuses. Alors, un jour j’ai commencé à lui parler pour connaitre davantage sa culture et elle m’a expliqué que les Taïwanaises sont beaucoup plus réservées. Petit à petit, elle s’est intéressée à la culture de l’Amérique latine et je me suis intéressée à sa culture aussi ! (Etudiante du Honduras) Grâce à l’aide de professeurs au CPU, mon français a bien avancé pendant ces derniers cinq mois. En même temps, j’ai rencontré des personnes qui viennent de pays différents, cela me donne des chances de connaître des cultures différentes. Bien que nous n’ayons pas la même nationalité, mes camarades et moi, nous pouvons quand même nous entendre, parce que nous avons le même âge et nous avons le même but, celui d’améliorer notre français. De plus, à l’ère de la globalisation nous avons déjà la connaissance d’autres pays, et nous pouvons trouver plein d’informations sur d’autres pays sur internet instantanément. Avec les étudiants internationaux, je peux mieux comprendre la culture des pays différents et découvrir la logique différente. Du moment que je m’entends avec d’autres personnes, je peux trouver des points communs en parlant.
Au CPU, j’ai rencontré beaucoup d’amis internationaux. Ça donne des chances d’améliorer « notre » langue française et aussi d’avoir des expériences précieuses de communication interculturelle. Je m’étonne, car tous les gens des autres pays rencontrés au CPU sont très gentils pour moi (Etudiant de Géorgie) Je pensais que les étudiants chinois étaient très sérieux et qu’ils ne parlaient pas beaucoup, mais ici, je me suis rendue compte qu’ils sont de très bonnes personnes, sympas et heureuses. (Etudiante colombienne) J’ai un camarade qui vient d’Iran. Je suis surprise qu’il lise beaucoup d’actualités chinoises. Il est fier de son pays mais un peu sexiste (étudiante chinoise) J’ai connu une Mexicaine l’année dernière ; elle m’a étonnée parce qu’elle travaillait trop dur. Je pensais que les Mexicains vont souvent en soirées et n’aiment pas travailler. Or, j’ai trouvé qu’elle va souvent en soirée, mais aussi qu’elle travaille beaucoup ! C’était une très bonne étudiante dans notre école. (Etudiante chinoise)
Je suis content d’être dans le même groupe que des étudiants qui viennent d’autres pays. J’ai eu la bonne surprise pendant le cours, de connaître des personnes d’autres pays, comme les étudiants arrivés de Syrie. Cette opportunité m’a donné du courage parce que j’ai fait la connaissance de gens forts et prêts à continuer leur vie dans un autre pays après la guerre dans le leur. (Etudiant grec) J’ai trouvé très intéressant de connaitre la culture chinoise, particulièrement comment des langues différentes sont parlées en Chine. Par exemple le Mandarin est parlé par tout le monde, mais dans différentes régions, il existe de nombreux dialectes parlés en famille. ( Etudiante péruvienne) Certains étudiants arrivent à dépasser leurs préjugés pour faire de belles rencontres :
...mais d’autres gardent des visions assez stéréotypées : Les Français de mon école sont de deux types. Certains travaillent sérieusement et ils sont très actifs quand nous travaillons en groupe. Les autres, il semble qu’ils aient toujours des excuses pour ne pas participer aux travaux de groupe. Par exemple, ils sont en vacances, ils attrapent la grippe ou même ils disparaissent totalement sans excuses. Mais parfois, nous les retrouvons dans les activités de loisirs…
Je suis étonnée que les Américains ne puissent pas bien parler le français . C’est vraiment difficile pour eux de prononcer « –tion ». Avant d’arriver en France je pensais que les étrangers étaient tous sympathiques et ouverts. Pourtant je trouve que les américains sont des camarades un peu froids. En fait c’est difficile d’avoir une relation proche avec eux. A cause du cadre différent on ne peut pas comprendre leurs histoires et leurs émotions. C’est impossible de devenir vraiment amis. Sinon je suis contente de rencontrer des étrangers. (Etudiante chinoise) Extraits d'un dialogue entre une étudiante kurde irakienne et un étudiant japonais : |
Les petits et grands étonnements :
Une italienne s’étonne de l’abondance des « bonjour » en France. On dirait que les Français ne font pas la distinction entre matin, après-midi et soir, ils disent toujours « bonjour », sauf peut-être après le diner, remarque-t-elle. Le CPU est une expérience unique car nous « voyageons » et explorons différentes cultures grâce aux étudiants qui viennent de différents coins du monde.
Cuisine La culture des repas est différente. Chez moi, le fromage est réservé pour les sandwiches ou le petit déjeuner! (étudiant colombien) J’ai pris une colocation avec d’autres étudiantes chinoises, car avec les étudiants français ou d’autres nationalités, c’était trop compliqué par rapport à la cuisine. La cuisine des Français est toujours très propre et ne sent pas beaucoup. De mon côté, en tant que chinoise, j’utilise beaucoup d’huile et je fais frire les aliments... aussi, il y a beaucoup d’huile qui saute partout et nous n’arrivons pas à avoir une cuisine très propre; les odeurs dérangent les personnes qui sont en colocation avec nous. Si nous avons la même nationalité, c’est moins problématique (Etudiante chinoise). Les Français ont de bonnes habitudes culinaires : tenue à table (on ne coupe pas la salade dans son assiette) et les garçons français participent beaucoup plus à la cuisine que les autres...(Etudiants asiatiques et du maghreb) La nourriture française ? peut mieux faire…
Pour un groupe de 4 étudiants (dont une italienne, une brésilienne et des asiatiques) la nourriture française, ils s’en passeraient volontiers. A part les desserts peut-être, qui ne sont pas mal, mais le reste, non, ce ne sont pas des repas !
La gestuelle
Fête, sortie, sports Je n’avais jamais rencontré d’étudiant venu d’Afrique pour apprendre la langue française au CPU. J’imaginais que tous les gens africains aiment danser, mais cet étudiant m’a dit qu’il n’a jamais dansé. En revanche il joue beaucoup au football ! (Etudiante taiwanaise) Je trouve que les étudiants internationaux sont plus sportifs que les étudiants chinois. Dans la classe, je suis toujours la plus incapable (Etudiante chinoise). J’ai été étonnée de voir combien les Français aiment faire la fête. Et ils font des fêtes qui durent beaucoup de temps. Par exemple, s’ils ont un mariage, ils font la fête toute la nuit avec aussi les grands parents. Ce n’est pas possible au Japon, c’est différent. (Etudiante japonaise)
Discipline – comportement - horaires Ici aucun étudiant ne dort pendant les cours… Au Japon, il y en a beaucoup qui dorment, surtout après le déjeuner. Ici, certains mangent en marchant. C’est un peu impoli au Japon, mais je pense que c’est pas mal ! (Etudiante japonaise) Expression personnelle - Religion - Vêtements
Lorsque j’ai parlé avec des étudiants internationaux, notamment avec des étudiants européens, j’ai découvert qu’ils sont plus actifs que les étudiants asiatiques. Ils essaient de parler et exprimer leurs émotions et leurs sentiments. (Etudiant coréen) Ce qui m’a étonnée : les gens des autres pays pensent les choses très vite… Les Japonais, eux, sont prudents avant de s’exprimer. (Etudiante japonaise)
C’est formidable le mélange des étudiants au CPU. Chaque fois, dans mes cours, je découvre au moins un fait culturel d’un pays. Ce qui m’étonne, ce sont les cultures des pays asiatiques : les étudiants asiatiques viennent de l’autre côté du monde et ils ont un mode de vie qui est complètement différent du mien. (Etudiant syrien)
Relations étudiants-professeurs Deux étudiantes, l'une ambodgienne et l'autre chinoise, disent avoir été surprises par les relations étudiants/professeurs. Chez elle le respect du maître domine. De plus on imaginerait pas boire et manger dans l’amphi. Beaucoup d’étudiants sont souvent irréguliers, et manquent sans prévenir.
Avec les bénévoles du CPU :
Je ne trouve rien d'étonnant, je crois que l'on est prédisposé à la rencontre des différences. En plus je trouve que les professeurs nous guident bien lors des cours et il y a toujours un petit moment pour échanger. Mais il n’y a pas que ça, on partage tous le même intérêt et on est là pour apprendre le français en plus de faire connaissance. Je trouve que c’est un espace génial, avec des gens engagés pour nous aider, nous les étrangères qui cherchons à découvrir la culture française. (Etudiante argentine) Relations étudiants-famille
Les situations internationales Ce qui m’étonne, ce sont les réfugiés. Ils m’ont raconté beaucoup d’histoires sur la guerre dans leur pays. Chez moi, c’est très calme, je n’ai jamais rencontré de violence. (Etudiante chinoise) Ce qui m’a étonné avec les étudiants internationaux, c’est l’ambiance amicale et conviviale avec les autres, et d’entendre leurs points de vue sur plusieurs sujets assez divers. Cela m’aide à faire comprendre comment séparer les fausses infos, diffusées par les médias, de la réalité de la Syrie. Alors, j’encourage tout le monde à contacter les autres ou les étrangers pour ne pas avoir de préjugés sans vraie expérience et (ou) sans généralisation. (Etudiant syrien)
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Les différences qui posent problème : Ce qui me choque par rapport aux relations avec les étudiants internationaux, ce sont les conflits culturels ou bien des pensées différentes .Je vous donne quelques exemples de mes bonnes et mauvaises surprises: Je trouve que mes camarades aiment beaucoup les pauses. Quand on travaille ensemble, ils prennent plusieurs fois des pauses et sortent pour fumer, même si la journée est presque terminée. Je pense que c’est bien de prendre une pause quand on a travaillé longtemps. Mais ce n’est pas bien de fumer beaucoup.
Pour moi, quand je travaille en groupe avec d’autres étudiants, je trouve qu'il y a quelques problèmes, car nous avons des cultures différentes. Mais c'est une bonne chose pour moi, car je peux développer ainsi des savoirs que je ne connais pas. (Etudiant chinois en géographie) ... et les difficultés que beaucoup d'étudiants parviennent cependant à bien surmonter : Dans notre classe, il y a une fille africaine qui est très gentille, elle sait que mon français n’est pas bon, elle me donne souvent ses cours pour m’aider à réviser. (Etudiante chinoise) Au CPU j’ai connu des étudiants de plusieurs pays dont je n’avais jamais entendu parler. Je suis étonnée que les étudiants venus de pays si différents se retrouvent en groupe au CPU. Mais chaque fois, nous passons une bonne heure ensemble entre étudiants. (Etudiante chinoise et étudiante japonaise) Pour moi connaître des personnes venant d’autres pays a été une bonne surprise. Je crois que Lyon est une ville multiculturelle et pouvoir parler avec d’autres personnes de cultures et de croyances différentes c’est très enrichissant. Autre chose qui m’a étonnée c’est de rencontrer des difficultés pour comprendre la langue des Français de souche. Mais plus je connais de personnes d’autres pays, plus je me sens bien accueillie en France. (Etudiante mexicaine) J’habite à Lyon depuis deux ans. J’ai vécu des moments difficiles au début concernant le changement de rythme de vie et d'habitudes alimentaires ainsi qu'au niveau des relations avec les étudiants internationaux d’autres pays que le mien. |
Finalement un constat commun qui rejoint celui des bénévoles : |