Interculturalité :
Les étonnements de nos étudiants

Une bénévole avoue qu’elle a souvent des difficultés à faire parler les jeunes étrangers, soit parce qu'ils sont réservés, - il faut revenir plusieurs fois à la charge- soit parce qu'ils donnent l'impression de ne pas s'intéresser à beaucoup de choses, le risque étant alors de retomber systématiquement dans des banalités. En réalité, dit-elle, ces étudiants internationaux vivent entre eux et rencontrent très peu ou pas d'autres nationalités et leurs remarques portent surtout sur le ou les Français…
Est-ce la réalité ?
Les réponses données ci-après par beaucoup d’étudiants du CPU semblent montrer le contraire, quoiqu’il ne faille pas sous-estimer les difficultés soulignées par ces étudiant(e)s.

La difficulté des rencontres interculturelles :

... dues à l’organisation du CPU :

Il est difficile de rencontrer des étudiants d’autres nationalités. Notre groupe de conversation comporte une chinoise et une japonaise, mais il faudrait mixer davantage. (Etudiante japonaise)

Parfois le professeur se met à parler d’un autre sujet avec un autre étudiant. C’est un peu déconcertant si on n’est pas bien au courant du sujet. (Etudiante chinoise)

On ignorait que les repas partagés au CPU peuvent permettre de rencontrer d’autres nationalités ! Notre professeur avait oublié de nous en parler… (Etudiante chinois)

La plupart des étudiants européens sont forts en compréhension orale. Pour mieux développer les relations entre les étudiants, est-ce qu’il serait possible d’organiser avec eux plus d’activités en dehors des cours ? (Etudiante chinoise)

… dues aux comportements des groupes nationaux :

Les étudiants étrangers restent souvent entre eux.

Avec les étudiants de mon pays, nous nous rencontrons souvent au CPU mais nous nous parlons en chinois mandarin, ce qui n’est pas très pratique pour améliorer notre niveau de français ! (Etudiante chinoise)

… dues au pays et à la langue d’origine ainsi qu’à la personnalité :

Quand je suis arrivé en France, j'ai commencé à étudier la langue française avec d'autres étudiants de différents pays comme Taïwan, Chine, Corée. Mes amis dans la classe sont aimables, calmes et intelligents. Mais notre relation se limitait à la classe. Je n’ai pas su beaucoup des choses de leur vie, bien qu’on ait fait des exercices et qu'on ait eu des activités ensemble.
Pour moi j'ai trouvé la langue difficile parce que je n'ai pas étudié le français avant, dans mon pays. Et pour moi et mes amis la difficulté était la prononciation, et aussi parce nous découvrions un nouvel alphabet pour écrire les mots correctement. (Etudiant syrien)

C’est un peu difficile de communiquer avec les autres étudiants parce que mon niveau de français n’est pas très élevé. Les étudiants d’Europe peuvent parler beaucoup de langues. C’est normal parce que les langues occidentales ont les mêmes racines. Mais pour les étudiants qui viennent d’Afrique et du Moyen-Orient, leur langue maternelle est l’arabe, et ils étudient et parlent aussi très bien le français et même l’anglais. Cela m’étonne beaucoup. (Etudiante chinoise)

Les difficultés de la langue française sont nombreuses: 1/ les conjugaisons (en Chine, il n'y a pas de conjugaison, c'est l'adverbe qui aide à comprendre) 2/ l'accent et la ponctuation. Il y a beaucoup d'accents en français, pas en anglais, 3 / en russe, le genre d'un objet est celui de la personne concernée (cravate ou moustache au masculin, sac au féminin). Ils soulignent l'absence de logique dans la langue française (un groupe d'étudiants de divers pays)

Je découvre que les difficultés rencontrées par les étudiants ne sont pas les mêmes. Ça dépend du pays d’où on vient. (Etudiant colombien)
Les étudiants de l’Ouest sont plus ouverts (Belgique, France, Italie,…). La raison est due peut-être aux différents systèmes politiques (Etudiante albanaise)

Les différences ne sont pas seulement interculturelles, mais tiennent aussi au caractère personnel de chacun! (Etudiante albanaise)

Pour moi, quand je travaille en groupe avec d’autres étudiants, je trouve qu'il y a un peu de problème, car nous avons des cultures différentes. Mais c'est une bonne chose pour moi, car je peux développer des savoirs que je ne connais pas. (étudiant chinois en géographie)

Les belles découvertes :

La facilité des contacts et l’admiration réciproque

Depuis 2 ans que je suis au CPU, j’ai trouvé beaucoup d’amis internationaux. Je n’avais jamais pensé qu’on puisse faire connaissance si facilement et si simplement. Malgré la différence de nos langues, il y a toujours une relation conviviale possible. (Etudiante russe).

Je suis des cours au CPU depuis seulement 2 semaines et je m’aperçois que les camarades de mon groupe sont tous très généreux; et tous ont la passion de travailler dur en français, afin de bien réussir les études. (Etudiante chinoise)

Quand je pense à cette question, je me souviens d’une collègue que j’avais, le semestre dernier, à l’université. C’était une étudiante taïwanaise qui habituellement était très distante, au contraire des personnes de mon pays qui sont chaleureuses. Alors, un jour j’ai commencé à lui parler pour connaitre davantage sa culture et elle m’a expliqué que les Taïwanaises sont beaucoup plus réservées. Petit à petit, elle s’est intéressée à la culture de l’Amérique latine et je me suis intéressée à sa culture aussi ! (Etudiante du Honduras)

Grâce à l’aide de professeurs au CPU, mon français a bien avancé pendant ces derniers cinq mois. En même temps, j’ai rencontré des personnes qui viennent de pays différents, cela me donne des chances de connaître des cultures différentes. Bien que nous n’ayons pas la même nationalité, mes camarades et moi, nous pouvons quand même nous entendre, parce que nous avons le même âge et nous avons le même but, celui d’améliorer notre français. De plus, à l’ère de la globalisation nous avons déjà la connaissance d’autres pays, et nous pouvons trouver plein d’informations sur d’autres pays sur internet instantanément.

Avec les étudiants internationaux, je peux mieux comprendre la culture des pays différents et découvrir la logique différente. Du moment que je m’entends avec d’autres personnes, je peux trouver des points communs en parlant.

Je suis frappée par une étudiante coréenne à l’université catholique de Lyon. Pourtant nous sommes différentes par rapport aux loisirs, à la culture et à la langue; mais elle peut comprendre ma blague en français, c’est génial n’est-ce pas ? (Etudiante chinoise)

Au CPU, j’ai rencontré beaucoup d’amis internationaux. Ça donne des chances d’améliorer « notre » langue française et aussi d’avoir des expériences précieuses de communication interculturelle.
Ce qui m’a étonné, c’est qu'au semestre dernier, j’ai rencontré une fille japonaise au CPU. Puisque je suis intéressée par la culture japonaise, nous avons beaucoup parlé dans le cours de conversation. C’est impressionnant de pouvoir discuter sur une série télé japonaise en utilisant la langue française
Ici, grâce CPU, on a eu la chance de se rencontrer et de devenir amies. Après le cours, elle est venue chez moi et on a fait la cuisine ensemble. C’était un dîner qui comprenait en même temps des plats chinois et japonais. C’est impressionnant ! (Etudiante chinoise)

Je m’étonne, car tous les gens des autres pays rencontrés au CPU sont très gentils pour moi (Etudiant de Géorgie)

Je pensais que les étudiants chinois étaient très sérieux et qu’ils ne parlaient pas beaucoup, mais ici, je me suis rendue compte qu’ils sont de très bonnes personnes, sympas et heureuses. (Etudiante colombienne)

J’ai un camarade qui vient d’Iran. Je suis surprise qu’il lise beaucoup d’actualités chinoises. Il est fier de son pays mais un peu sexiste (étudiante chinoise)

J’ai connu une Mexicaine l’année dernière ; elle m’a étonnée parce qu’elle travaillait trop dur. Je pensais que les Mexicains vont souvent en soirées et n’aiment pas travailler. Or, j’ai trouvé qu’elle va souvent en soirée, mais aussi qu’elle travaille beaucoup ! C’était une très bonne étudiante dans notre école. (Etudiante chinoise)

Quand je suis arrivée au CPU, j’ai été vraiment étonnée qu’il y ait beaucoup d’étudiants qui viennent de pays qui ne sont pas « sûrs ». J’ai compris qu’ils sont venus en France pour fuir la guerre. Mais moi, comme je suis japonaise, je n’ai aucun danger dans mon pays et je suis venue en France pour apprendre le français. Donc, quand j’ai entendu des choses comme ça, j’ai été étonnée que certaines personnes aient des situations si difficiles. (Etudiante japonaise)

Je suis content d’être dans le même groupe que des étudiants qui viennent d’autres pays. J’ai eu la bonne surprise pendant le cours, de connaître des personnes d’autres pays, comme les étudiants arrivés de Syrie. Cette opportunité m’a donné du courage parce que j’ai fait la connaissance de gens forts et prêts à continuer leur vie dans un autre pays après la guerre dans le leur. (Etudiant grec)

J’ai trouvé très intéressant de connaitre la culture chinoise, particulièrement comment des langues différentes sont parlées en Chine. Par exemple le Mandarin est parlé par tout le monde, mais dans différentes régions, il existe de nombreux dialectes parlés en famille. ( Etudiante péruvienne)

Certains étudiants arrivent à dépasser leurs préjugés pour faire de belles rencontres :

J’ai été frappée par un étudiant français dans mon université. Il s’appelle Charles et il est parisien. J’avais une image fausse des Parisiens : ils sont toujours indifférents, toujours froids envers les autres. Mais Charles est différent et cela m’étonne. On était dans le cours. Par hasard je me suis assise à côté de lui. Je ne pouvais pas comprendre ce que le prof a dit et Charles m’a beaucoup aidée ! Même si c’étaient des questions simples ! (Etudiante chinoise)

...mais d’autres gardent des visions assez stéréotypées :

Les Français de mon école sont de deux types. Certains travaillent sérieusement et ils sont très actifs quand nous travaillons en groupe. Les autres, il semble qu’ils aient toujours des excuses pour ne pas participer aux travaux de groupe. Par exemple, ils sont en vacances, ils attrapent la grippe ou même ils disparaissent totalement sans excuses. Mais parfois, nous les retrouvons dans les activités de loisirs…

Dans mon groupe de conversation, le Chinois parle fort et n’est pas toujours bien poli. Je n’ai pas envie d’en faire un ami. Le Colombien parle beaucoup, il est agité, il n’est pas toujours à l’heure, mais il est chaleureux ! Le Mexicain est chantant et chaleureux, mais lui non plus n’est pas toujours à l’heure ! L’Allemand est sérieux, pas cool. Il aime la rigueur. Il est courageux et je crois qu’il aime bien le Japon. Le Suédois est sérieux et très ouvert, et il désire partager avec des expériences. Les étudiants des pays d’Amérique latine parlent fort. (Etudiante japonaise)

Je suis étonnée que les Américains ne puissent pas bien parler le français . C’est vraiment difficile pour eux de prononcer « –tion ». Avant d’arriver en France je pensais que les étrangers étaient tous sympathiques et ouverts. Pourtant je trouve que les américains sont des camarades un peu froids. En fait c’est difficile d’avoir une relation proche avec eux. A cause du cadre différent on ne peut pas comprendre leurs histoires et leurs émotions. C’est impossible de devenir vraiment amis. Sinon je suis contente de rencontrer des étrangers. (Etudiante chinoise)

Extraits d'un dialogue entre une étudiante kurde irakienne et un étudiant japonais :
- J'ai du mal avec les Asiatiques, ils se ressemblent tous, et en plus, ils parlent, dans leur langue, à une vitesse invraisemblable.
- Pour ma part, je suis étonné que cette femme conserve toujours un fichu sur la tête, même en cours..
- J'apprécie qu'ici, les étudiants en général, pas seulement les Japonais disent bonjour et au revoir. C'est vrai, et cela change des Facultés ou de l'Alliance française. Ici les étudiants sont chaleureux et il y a de bons échanges culturels sur nos coutumes, par exemple sur les fêtes.
- Oui les cultures sont mises en réseau.

Les petits et grands étonnements :

Salutations

Les façons de respecter les gens sont différentes. La manière de se saluer, de se dire bonjour. On Cambodge, on ne se touche pas. Au début, j’étais gêné par les bisous, surtout entre garçons et filles. (Etudiant cambodgien)

Une italienne s’étonne de l’abondance des « bonjour » en France. On dirait que les Français ne font pas la distinction entre matin, après-midi et soir, ils disent toujours « bonjour », sauf peut-être après le diner, remarque-t-elle. Le CPU est une expérience unique car nous « voyageons » et explorons différentes cultures grâce aux étudiants qui viennent de différents coins du monde.

Parmi tous les détails spécifiques à chaque culture, ce qui m’étonne toujours c’est le genre de salutations de chacun. Le «culte » des salutations est presque partout le même en Europe et, venant d'un pays européen, il est surprenant pour moi de rencontrer des étudiants d'autres pays ou continents, comme ceux venant des pays asiatiques ou africains qui n'ont pas la même culture de salutation.
Par exemple, dans la plupart des pays asiatiques ainsi que dans certains pays arabes, on ne se tient pas la main entre homme et femme et ils ne se font pas la bise non plus. C’est tout aussi impressionnant quand j'entends les révélations des étudiants chinois : dans leur pays, les filles ne peuvent pas se faire la bise ou embrasser leur père en public alors qu'en Europe comme sur d’autres continents, c’est une chose tout à fait normale.
Je crois que la façon dont les étudiants d’autres pays se saluent étonne chacun d’entre nous et à mon avis, la multiplicité culturelle que nous trouvons au CPU est une expérience qui doit être valorisée et exploitée.

Cuisine

La culture des repas est différente. Chez moi, le fromage est réservé pour les sandwiches ou le petit déjeuner! (étudiant colombien)

J’ai pris une colocation avec d’autres étudiantes chinoises, car avec les étudiants français ou d’autres nationalités, c’était trop compliqué par rapport à la cuisine. La cuisine des Français est toujours très propre et ne sent pas beaucoup. De mon côté, en tant que chinoise, j’utilise beaucoup d’huile et je fais frire les aliments... aussi, il y a beaucoup d’huile qui saute partout et nous n’arrivons pas à avoir une cuisine très propre; les odeurs dérangent les personnes qui sont en colocation avec nous. Si nous avons la même nationalité, c’est moins problématique (Etudiante chinoise).

J'ai été étonnée en habitant dans une résidence étudiants. Nous devons partager la cuisine entre étudiants mais beaucoup ne rangent pas, ne jettent pas dans la poubelle. A cause de cela, la cuisine est souvent fermée. Néanmoins, en général, ils sont sympathiques (étudiante thailandaise en droit)

Les Français ont de bonnes habitudes culinaires : tenue à table (on ne coupe pas la salade dans son assiette) et les garçons français participent beaucoup plus à la cuisine que les autres...(Etudiants asiatiques et du maghreb)

La nourriture française ? peut mieux faire… Pour un groupe de 4 étudiants (dont une italienne, une brésilienne et des asiatiques) la nourriture française, ils s’en passeraient volontiers. A part les desserts peut-être, qui ne sont pas mal, mais le reste, non, ce ne sont pas des repas !
Ces étudiants n’ont pas précisé les raisons de leur jugement : Est-ce trop gras? trop lourd ? peu raffiné ? La nourriture est un lieu identitaire névralgique, sans doute, car c’est un cambodgien qui avait mijoté un plat raffiné de chez lui pour un étudiant roumain et un bénévole français. Mais aucun d’eux n’en a redemandé… !

Couper et éplucher une pomme !
Dialogue entre une étudiante italienne, et deux étudiantes chinoises arrivées récemment :
L’italienne: Comment t’épluches une pomme ?
L'une des étudiantes chinoises : Comme ça, regarde – et elle commence à éplucher la pomme.
L’italienne: eh mais tu ne la coupes même pas ?
La chinoise : si, après, pour enlever le cœur ; d’abord on l’épluche.
L’italienne: tu fais comme ça ? c’est une blague, non ?
La chinoise : ben non, tu prends un couteau, tu démarres à la tête, tu la pèles; en principe ça se fait en une seule épluchure, si le couteau est bon, en tournant comme ça, 10 à 20 fois, jusqu’à arriver à la queue.
L’italienne: ah ben ça alors, je n’en reviens pas ! Et le couteau, tu le tiens comme ça ? (elle épluche vers l’extérieur, pas comme nous)
La chinoise: oui, c’est ça, tu pèles ou tu coupes en allant de toi vers l’extérieur.

La gestuelle

Un étudiant jordanien, une étudiante russe et une étudiante italienne ont surpris des Asiatiques se prenant en photo.
« Pourquoi font-ils toujours un V avec leurs majeur et index pour être pris en photo ? … Et j’en vois parfois l’un ou l’autre qui, au lieu d’un V, entrelace ses 2 doigts, le majeur sur l’index ! ».
Une étudiante chinoise leur répond: C’est le « V » de la victoire peut-être; en tout cas c’est pour donner un message de paix.
Mais le V de « victory » qui serait emprunté aux Anglais surprend, car l'étudiante russe n’a jamais vu d’Anglais ou d’Américains faire ce signe.
Et les doigts entrelacés, c’est un petit cœur que l’un ou l’une montre à son amoureuse(x) !

Fête, sortie, sports

Je n’avais jamais rencontré d’étudiant venu d’Afrique pour apprendre la langue française au CPU. J’imaginais que tous les gens africains aiment danser, mais cet étudiant m’a dit qu’il n’a jamais dansé. En revanche il joue beaucoup au football ! (Etudiante taiwanaise)

Je trouve que les étudiants internationaux sont plus sportifs que les étudiants chinois. Dans la classe, je suis toujours la plus incapable (Etudiante chinoise).

J’ai été étonnée de voir combien les Français aiment faire la fête. Et ils font des fêtes qui durent beaucoup de temps. Par exemple, s’ils ont un mariage, ils font la fête toute la nuit avec aussi les grands parents. Ce n’est pas possible au Japon, c’est différent. (Etudiante japonaise)

Pour moi, étudiant de Taïwan, je trouve que les étudiants internationaux qui viennent de pays occidentaux sont plus sociables. Souvent, j’ai entendu dire qu’il y avait une soirée quelque part pour une raison ou une autre. Les étudiants étrangers profitent bien de ces soirées en buvant et en discutant.
Dans mon pays d’origine, on n’organise pas souvent de soirée. On dîne ensemble plus tôt et après on rentre chacun chez soi et on reste tranquille. C’est donc la raison pour laquelle j’étais surpris par la culture de soirée.
J'ai été invité une fois à une soirée par mon ami taïwanais. En fait, comme je ne connaissais pas les autres, j’ai hésité à y aller. Mon ami m’a rassuré en disant qu’il ne connaissait pas tout le monde, lui non plus. Cela m’a étonné encore car je pensais que la soirée était toujours organisée par des gens proches. De plus, comme je suis timide est silencieux, j'ai eu des difficultés à m'intégrer surtout avec des gens qui parlent très vite en français. C’est dommage. Je trouve que c'est compliqué de faire connaissance avec des étudiants internationaux.

Discipline – comportement - horaires

Ici aucun étudiant ne dort pendant les cours… Au Japon, il y en a beaucoup qui dorment, surtout après le déjeuner. Ici, certains mangent en marchant. C’est un peu impoli au Japon, mais je pense que c’est pas mal ! (Etudiante japonaise)

Mes études au CPU m’ont apporté uniquement des émotions positives. Jusqu’ici je n’avais jamais fréquenté un établissement d’enseignement où il y avait une telle quantité de représentants des différents peuples du monde. L’atmosphère amicale règle ici. La seule chose négative pour moi a été que certains étudiants ne respectent pas les horaires. Les bénévoles se dépensent pour eux mais ils viennent dix minutes en retard ou n’écoutent pas le professeur pendant la leçon parce qu’ils sont occupés à écouter de la musique. (Etudiante russe)

Expression personnelle - Religion - Vêtements

Dans mes relations avec les autres étudiants internationaux, ce qui m'a étonné, c'est l'indépendance. J'ai déjà 24 ans, et pour mes études en France, ce sont mes parents qui m'aident financièrement, même si j'ai travaillé à temps partiel avant. Mon camarade américian, lui, a utilisé l'argent qu'il avait gagné aux Etats-Unis avant. il a juste fait des études en France pendant un semestre pour la langue française, pour une expérience de vie en France et pour accompagner sa petite amie. (étudiant chinois en audio-visuel).

Lorsque j’ai parlé avec des étudiants internationaux, notamment avec des étudiants européens, j’ai découvert qu’ils sont plus actifs que les étudiants asiatiques. Ils essaient de parler et exprimer leurs émotions et leurs sentiments. (Etudiant coréen)

Ce qui m’a étonnée : les gens des autres pays pensent les choses très vite… Les Japonais, eux, sont prudents avant de s’exprimer. (Etudiante japonaise)

J'ai fait la connaissance d'une jeune femme iranienne et musulmane à un cours de conversation française du CPU. Elle est jolie et rit beaucoup. J'ai été très étonné qu'en venant à Lyon elle change de religion. Elle est devenue chrétienne pour certaines raisons et ne pourra plus jamais retourner dans son pays natal.
En Chine, aucune religion n'est obligatoire. On peut avoir la religion qu'on souhaite ou être athée. J'ai été très choqué d'entendre son témoignage. (Etudiant chinois de 24 ans)

C’est formidable le mélange des étudiants au CPU. Chaque fois, dans mes cours, je découvre au moins un fait culturel d’un pays. Ce qui m’étonne, ce sont les cultures des pays asiatiques : les étudiants asiatiques viennent de l’autre côté du monde et ils ont un mode de vie qui est complètement différent du mien. (Etudiant syrien)

Ce qui m’étonne dans ces rencontres au CPU, c’est la différence entre les étudiants internationaux et moi. J’ai une camarade qui vient de Serbie, elle est très croyante et elle ne sait pas comment suivre sa religion. Je ne comprends pas parce qu’elle vit avec ses règles. Par exemple, elle ne mange pas de porc mais cela n’empêche pas qu’elle est très gentille et que nous pouvons mieux nous connaître.
Nous avons aussi le même parcours scolaire. J’ai changé aussi mon regard sur les Français, le seul Français que je connaissais c’était mon professeur. J’avais des problèmes avec lui, j’avais très peur avant de partir. Mais maintenant, j’ai des camarades français très gentils et très intéressants. Nous avons les mêmes centres d’intérêt. (Etudiant chinois)

Relations étudiants-professeurs

Deux étudiantes, l'une ambodgienne et l'autre chinoise, disent avoir été surprises par les relations étudiants/professeurs. Chez elle le respect du maître domine. De plus on imaginerait pas boire et manger dans l’amphi. Beaucoup d’étudiants sont souvent irréguliers, et manquent sans prévenir.

Il y a plusieurs observations que j'ai faites dans mes relations avec les étudiants internationaux.
Tout d’abord, on a des visions différentes sur les relations entre le professeur et les étudiants. Dans mon pays, le professeur a un statut supérieur aux étudiants. On le respecte au point que parfois on en a peur. C’est peut-être pourquoi les étudiants chinois semblent un peu timide en classe. On est éduqué à écouter le professeur au lieu de dire ce qu’on pense.
Néanmoins, au CPU les étudiants d’autres pays, notamment de pays américains ou européens, ont une relation plus égalitaire que nous avec le professeur. Par exemple, ils posent des questions en cours sans stresser. De plus, certains de mes camarades tutoient notre professeur, et c’est vraiment incroyable pour moi, car je ne peux tutoyer un professeur qu'à la condition qu’il me le demande.

Avec les bénévoles du CPU :

Je pense que les bénévoles du CPU sont très chaleureux et gentils (Etudiante chinoise)

Je ne trouve rien d'étonnant, je crois que l'on est prédisposé à la rencontre des différences. En plus je trouve que les professeurs nous guident bien lors des cours et il y a toujours un petit moment pour échanger. Mais il n’y a pas que ça, on partage tous le même intérêt et on est là pour apprendre le français en plus de faire connaissance. Je trouve que c’est un espace génial, avec des gens engagés pour nous aider, nous les étrangères qui cherchons à découvrir la culture française. (Etudiante argentine)

Relations étudiants-famille

En France, quand les enfants ont 18 ans, ils doivent partir de la maison, trouver du travail, gagner leur vie. Les parents n'en sont plus responsables. Aussi les enfants n'ont pas le droit de profiter des biens qui appartiennent aux parents.
Quand mon amie m'a dit qu'elle allait visiter ses parents le week-end, j'ai été étonnée par le mot visiter. A mon avis, on peut visiter des professeurs, des anciens, mais pas les parents. On dit qu'on va chez soi.
La relation de politesse entre les parents français et leurs enfants est totalement différente de celle des Chinois. Les parents chinois trouvent que les enfants sont toujours les enfants, qu'importe l'âge. Même si vous êtes marié, avez fondé une famille, les parents conservent encore votre place dans la maison.(Etudiante chinois
e)

Les situations internationales

Ce qui m’étonne, ce sont les réfugiés. Ils m’ont raconté beaucoup d’histoires sur la guerre dans leur pays. Chez moi, c’est très calme, je n’ai jamais rencontré de violence. (Etudiante chinoise)

Ce qui m’a étonné avec les étudiants internationaux, c’est l’ambiance amicale et conviviale avec les autres, et d’entendre leurs points de vue sur plusieurs sujets assez divers. Cela m’aide à faire comprendre comment séparer les fausses infos, diffusées par les médias, de la réalité de la Syrie. Alors, j’encourage tout le monde à contacter les autres ou les étrangers pour ne pas avoir de préjugés sans vraie expérience et (ou) sans généralisation. (Etudiant syrien)

 

Les différences qui posent problème :

Les clichés politiques ou autres:

Une autre chose qui m’a étonnée, ce sont les clichés sur la Chine. On m’a demandé s’il est interdit de discuter de la politique en Chine et si tous les Chinois mangent du chien.  Pour moi, la Chine est comme tous les autres pays, elle a des qualités mais aussi des défauts, et il y a des analogies et des différences entre la culture chinoise et la culture d’autres pays. En Chine, beaucoup de jeunes ont envie de savoir ce qui se passe dans d’autres pays, mais certains jeunes étrangers voient la Chine comme leurs grands-parents la voyait sans regarder les grands changements qui se sont passés. Chaque fois que des gens veulent entendre parler de la Chine d'aujourd'hui, je suis toujours contente de leur expliquer. Parce que leurs questions me font réfléchir lorsque je donne des explications, je peux moi aussi mieux comprendre mon pays. Dans ce cas, le CPU est non seulement une école pour améliorer mon français, mais aussi une place pour rencontrer des cultures différentes. (Etudiante chinoise)

Ce qui me choque par rapport aux relations avec les étudiants internationaux, ce sont les conflits culturels ou bien des pensées différentes .Je vous donne quelques exemples de mes bonnes et mauvaises surprises:
Premier exemple : les étrangers sont accros à me poser cette question à moi, chinoise : "Est-ce que Taiwan appartient à la Chine ?" La première fois que des gens me l’ont posée, j’étais un peu hors de moi car selon moi, c’était une provocation. Il y a effectivement une longue histoire entre Taiwan et la Chine. Je sais que même si je l’explique mille de fois, je ne pourrai jamais changer l’avis des autres. Chacun a son opinion, je la respecte au lieu de la juger ou de me disputer, parce que pour moi, l’histoire est toujours créée par les vainqueurs. Dans le passé, Taiwan appartenait à la Chine, maintenant ces pays sont en conflit. C’est toujours le bras de fer entre la Chine et Taiwan, mais, qui sait ce qui, à l’avenir, se passera?
Deuxième exemple : les étudiants internationaux sont plus ouverts que je le pensais et plus ouverts que bien des gens de la rue.
Dans ma classe, il y a des Chinois, des Espagnols, des Mexicains, des Coréens et des Japonais. On peut discuter de politique et de religion. C’est super cool ! J’adore ces sujets où l’on peut aller plus loin, et où l’on apprend de nouvelles choses.
A mesure que je progresse, j’ai de plus en plus de plaisir à m’intégrer en France. Heureusement, ces étudiants m’aident à me mêler plus facilement aux autres étudiants internationaux. J’ai donc eu de la chance et j’apprécie de voir des étrangers bien cultivés. C’est pourquoi maintenant, j’espère rencontrer plus de gens et partager avec eux mon point de vue sur ce monde et avoir moins de préjugés et de stéréotypes. Mais autour de moi, il existe encore des Chinois râleurs qui se plaignent de tout et de n’importe quoi; ils font comme beaucoup de Français ! Je les écoutais jusqu’au moment où ils se sont arrêtés d’eux-mêmes.
Je ne nie pas que la vie en France n’est pas facile. Pourtant le mieux qu’on puisse faire, c’est de se changer soi-même. C’est pareil dans n’importe quel pays où l’on vit, et pour qui que ce soit. (Etudiante chinoise)

Je trouve que mes camarades aiment beaucoup les pauses. Quand on travaille ensemble, ils prennent plusieurs fois des pauses et sortent pour fumer, même si la journée est presque terminée. Je pense que c’est bien de prendre une pause quand on a travaillé longtemps. Mais ce n’est pas bien de fumer beaucoup.

Cela fait cinq mois que je suis en France où je rencontre des Français et d’autres étrangers. Ils sont en général gentils et sympathiques. Ils m’aident dans mes études. Par exemple, ils partagent leurs cours avec les camarades qui ne peuvent pas être présents ou ne suivent pas les explications. Ils sont particulièrement dynamiques en classe. Cela fait que la classe est active.
Mais les cultures sont assez différentes. Cela se ressent par exemple dans la communication, notamment à l’oral ou même à l’écrit. Pour d’autres étrangers, cela ne semble pas très compliqué mais ma culture est hiérarchiquement complexe.
Cependant, ce qui m’étonne, c’est la cigarette. La majorité des jeunes Français en effet fument alors que dans mon pays, si un jeune fume, cela veut dire qu’il n’est pas très éduqué sur un plan moral. (Etudiante cambodgienne)

Pour moi, quand je travaille en groupe avec d’autres étudiants, je trouve qu'il y a quelques problèmes, car nous avons des cultures différentes. Mais c'est une bonne chose pour moi, car je peux développer ainsi des savoirs que je ne connais pas. (Etudiant chinois en géographie)

... et les difficultés que beaucoup d'étudiants parviennent cependant à bien surmonter :

Dans notre classe, il y a une fille africaine qui est très gentille, elle sait que mon français n’est pas bon, elle me donne souvent ses cours pour m’aider à réviser. (Etudiante chinoise)

Au CPU j’ai connu des étudiants de plusieurs pays dont je n’avais jamais entendu parler. Je suis étonnée que les étudiants venus de pays si différents se retrouvent en groupe au CPU. Mais chaque fois, nous passons une bonne heure ensemble entre étudiants. (Etudiante chinoise et étudiante japonaise)

Pour moi connaître des personnes venant d’autres pays a été une bonne surprise. Je crois que Lyon est une ville multiculturelle et pouvoir parler avec d’autres personnes de cultures et de croyances différentes c’est très enrichissant. Autre chose qui m’a étonnée c’est de rencontrer des difficultés pour comprendre la langue des Français de souche. Mais plus je connais de personnes d’autres pays, plus je me sens bien accueillie en France. (Etudiante mexicaine)

J’habite à Lyon depuis deux ans. J’ai vécu des moments difficiles au début concernant le changement de rythme de vie et d'habitudes alimentaires ainsi qu'au niveau des relations avec les étudiants internationaux d’autres pays que le mien.
Dans un premier temps, il m'est apparu que les étudiants occidentaux sont plus indépendants.
Par exemple, ils rangent très vite leurs affaires avant la fin du cours pour sortir tout de suite après les cours, et il n’y a guère d’étudiants qui attendent les autres afin de sortir ensemble.
En Chine, attendre les autres est une règle implicite entre amis. C'est pourquoi, il y a eu un malentendu entre une amie française et moi. Je l’attendais toujours après les cours, mais elle ne m’attendait jamais !
J’étais fâchée, car je pensais qu’elle ne me considérait pas comme son amie. Je lui ai donc parlé de moins en moins jusqu’au jour où elle m’a demandé la raison pour laquelle il y avait un certain froid entre nous. C’est à partir de là que je me suis rendu compte que l’on n’avait pas les mêmes codes sociaux. Pour elle, ce n’est pas la peine d’attendre les autres, chacun a son rythme de vie et cela n’empêche pas du tout d’être amis.
J’ai donc commencé à mieux comprendre les comportements des autres et à réfléchir sur les différences dans les relations interpersonnelles auxquelles je dois m’habituer.
J’ai une autre anecdote sur une chose qui m’a étonnée au début… J’ai un ami colombien. Une fois, nous avons discuté ensemble de la nourriture chinoise. Il m'a affirmé qu’il adorait la nourriture chinoise. Je lui ai donc dit que je t’inviterais un jour quand j’aurais du temps. A la fin de la conversation, il m’a demandé si mon invitation était bien pour la fois suivante. Je pensais que c’était une blague. Mais, selon le système relationnel chinois, on ne doit pas refuser aux autres. Je lui ai donc répondu par une formule de politesse que les Chinois utilisent souvent en disant : « une autre fois ». Cette réponse est en effet une manière polie de refuser une demande car on ne sait jamais quand aura lieu cette « autre fois »… Cet ami ne m’a absolument pas compris ! Il pensait que je l’inviterais effectivement la prochaine fois que je le verrais. Par conséquent, il m’a pas arrêter de me demander quand je l’inviterais chaque fois qu’il me voyait parce qu’il voulait noter la date sur son agenda… Finalement, je l’ai invité à dîner chez moi et cela s’est bien passé.
A travers cet événement, j’ai compris que les différences culturelles existaient non seulement dans la conduite ou les habitudes des autres mais aussi dans la pensée et la manière de concevoir les choses. Malgré ces petits épisodes, je m’entends bien avec les étudiants internationaux étant donné que l’on se respecte, on se comprend et on s’entraide. (Etudiante chinoise)

Finalement un constat commun qui rejoint celui des bénévoles :

Je suis arrivé à Lyon il y a deux mois. Je travaille sur ma thèse de doctorat, je n'ai pas de cours auxquels assister et je ne rencontre pas beaucoup de gens.
Mais pendant mes études, j'ai rencontré beaucoup de gens de différents pays et je voyage beaucoup car je suis archéologue. Après toutes ces années, je pense que ce qui me surprend le plus chez les étudiants ou les collègues d'autres pays est le fait que, même si nous avons des cultures, des habitudes différentes, parfois également des systèmes éducatifs, des pratiques culinaires et bien d'autres traits culturels différents, les choses que nous avons en commun sont beaucoup plus importantes. Nous partageons fondamentalement les mêmes peurs, les mêmes rêves, les mêmes enthousiasmes. Et nous sommes tous ouverts à la découverte d'autres cultures. La plupart d'entre nous, nous ne ressentons aucune difficulté à nous confronter aux différences. (Etudiante européenne)

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