Pour les bénévoles, ce que leur apporte
l'accompagnement d'étudiants étrangers...

De Dominique

Des esprits différents, mais partout la même âme.
D'où vient qu'au CPU, malgré la grande diversité des cultures dans lesquelles nos étudiants ont grandi avant de venir en France, il y ait tant de convivialité, tant de bonheur d'être ensemble, ou pour mieux dire tant de fraternité ? En corrigeant les thèses, je vois bien que les Chinois, les Iraniens, les Brésiliens, etc. ne raisonnent pas comme moi qui suis français , et pourtant s'établit entre eux et moi une relation qui n'est guère différente de celle que je peux avoir avec des Français. C'est à la fois étrange et beau, mais d'où cela vient-il ?
Les esprits sont différents,certes, mais tout me porte à penser qu'il y a, en toute femme, en tout homme, dans tous les pays, une même qualité d'âme. Or l'affectivité, et le désir irrépressible d'entrer en relation, en quoi finalement consiste le bonheur, ne vient pas de l'esprit, mais de l'âme, et c'est sans doute ce qui rend si facile d'entrer en amitié avec des femmes et des hommes de culture pourtant très différente de la nôtre.
Se vérifie ainsi la distinction que faisait Claudel entre Animus et Anima. Animus, c'est l'esprit, la manière de penser, de raisonner, et il diffère en effet d'un pays à l'autre. Mais Anima ! Elle reste discrètement blottie dans le cœur de chacun, attendant que l'appellent ses sœurs qui sont dans le cœur des autres, et qui lui ressemblent ! Et elle se rit des réticences d'Animus qui prétend que les hommes sont trop différents pour pouvoir espérer tisser entre eux des liens de fraternité. Car elle sait bien, la petite Anima, que ce n'est pas avec les beaux raisonnements d'Animus qu'on crée des liens, mais avec le coeur, et que l'amour est le même pour tous, pour un Chinois comme pour un Français, que l'amitié est la même, que la tristesse et l'angoisse sont les mêmes, et que tous éprouvent la même joie d'être reconnus et aimés. Face à l'étranger, Animus fronce les sourcils, fait le difficile, se demande s'il est bien raisonnable d'entrer en relation, et il voudrait faire taire la petite Anima : mais celle-ci s'en fiche pas mal, et court au devant de sa sœur étrangère : et c'est elle qui a raison !

De Bernard

Ça me fait voyager dans d’autres civilisations, découvrir d’autres langues, tout en restant à Lyon. Ça me fait prendre conscience de tout ce que nous avons en commun et qui nous rapproche en tant qu’hommes. Ça me donne de l’optimisme pour l’avenir de la planète.

D'un autre bénévole
C’est un enrichissement personnel sur le plan humain : découverte de l’autre, de sa culture, de ses valeurs. A travers les étudiants on découvre un peu de leur pays, de ce qui est important pour eux. Souvent les clichés en prennent un coup !. Comme toujours, la rencontre avec l’étranger m’amène à relativiser ce que je crois de moi-même, de mon pays, de ma culture. Elle m’amène aussi à réinterroger ma foi, mon rapport à l’autre, mes certitudes. La rencontre me dé-range, me fait prendre conscience de la relativité de mes absolus, me remet en chemin pour aller au-delà de ce qui fait mes frontières.

De Pierre
Je n’ai jamais réfléchi à cette question ! Il n’est sans doute pas trop tard pour bien faire…
Il me semble qu’en premier lieu je prends un certain recul par rapport au mode de pensée français et, plus globalement, à la culture occidentale. Corrigeant des thèses et des mémoires, je suis souvent frappé par le fait qu’un Oriental peut écrire une phrase qui contient cinq idées et qui, pour être compréhensible, devra être décomposée en quatre ou cinq phrases. Inversement, une phrase en français et en une ligne pourra résumer dix lignes écrites par un Oriental.
Je vais parfois lentement dans l’accompagnement parce que j’essaie de comprendre ce qu’a voulu dire mon étudiant et je touche du doigt la fameuse exclamation : traduttore, traditore.
Bien que n’ayant pas souvent le temps d’orienter la conversation sur un autre sujet que celui de la thèse, je fais petit à petit un tour du monde. Depuis sept ou huit ans que je suis au CPU, j’ai eu à faire à des étudiants de quinze pays différents et de tous les continents. Et je ressens que la France n’est plus le centre du monde, ce qui ne m’attriste pas le moins du … monde !
Dernier apport non négligeable que je découvre en répondant et qui me procure un plaisir intense : le fait d’avoir à travailler dans des domaines différents (économie, littérature, droit, etc.) m’aide à enrichir mon vocabulaire et m’oblige à la justesse grammaticale. Je suis un chercheur du mot juste et de l’expression adéquate car je ne vois aucune raison d’écrire ‘au rabais’ et de naviguer dans l’à peu près parce qu’il s’agirait d’une thèse d’étudiant étranger.

De Martine
Cela me permet : une ouverture sur le monde, de mieux comprendre l ’évolution de la société et du monde, de me poser des questions et de me remettre en question si besoin...

De Jean
Ce que m'apporte l'accompagnement d'étudiants étrangers ? D'abord un étonnement devant la détermination et le courage de ces étudiants ou étudiantes, dont certains sont jeunes, pour venir étudier si loin de chez eux et de leur famille à laquelle ils sont souvent très attachés. Leur goût d'apprendre la langue française et leur bienveillance vis à vis de notre pays. La confiance qu'ils nous font. Ensuite la découverte de pays et de cultures différentes. Et, dans certains cas, l'établissement de relations d'amitié durables, traduites dans un cas pour mon épouse et moi par un inoubliable voyage en Iran totalement, comme invités par un ancien du CPU et sa famille.

D'Yvette
Converser avec des étudiants étrangers me donne beaucoup de plaisir. J'aime leur faire découvrir notre culture et connaitre la leur dans un échange simple et direct.

D'une bénévole
Découvrir les constantes de la condition humaine, tout ce que, en hommes, nous partageons les uns avec les autres, en matière d’affects, d’émotions, de sentiments. Découvrir en même temps les différences de situations politiques et ce que représentent au quotidien les conquêtes de l’histoire, pour nous, les acquis de notre histoire. Ce sont peut-être les modalités d’usage de notre faculté de raisonner, c’est à dire ce façonnage de notre éducation, qui peut -être, nous distinguent plus fortement. Etrangeté de découvrir qu’on peut ne pas raisonner comme vous.

 

De Geneviève
Avec l’élan et la spontanéité de leur jeunesse, les étudiants étrangers nous apportent leur désir de connaitre la langue française et si possible notre culture. Dans la discussion, petit à petit, presqu’à l’insu des uns et des autres, ils nous apportent aussi leur vécu, leurs rêves, leurs ambitions, leurs craintes et leurs questions pour eux et le monde de demain, et bien sûr leur personnalité, leur exotisme et une ouverture sur leur culture. A chaque bénévole du CPU, ils apportent le plaisir de se savoir utile, la curiosité accrue pour le monde, le plaisir de transmettre ce qu’on aime dans la culture française et …des bribes de l’histoire de chacun (vécu , valeurs , craintes , questions …) Ne perdons pas de vue que « l’expérience est une lanterne que l’on porte accrochée dans le dos et qui n’éclaire, hélas, que le chemin parcouru. ».
Ce que je trouve magique c’est qu’ils ont besoin de notre enthousiasme pour l’avenir, que c’est eux qui nous rendent enthousiastes et que c’est pour eux que nous devons l’être, car ils sont les vecteurs du monde de demain. De part et d’autre, la prise de conscience du service rendu est, à mon avis, aussi importante, voire plus, que le service rendu. Nous vivons une époque exceptionnelle, où, pas plus qu’à une autre, on a le droit d’abdiquer. Voilà pourquoi notre « commerce » est si agréable et si important. Le mot Merci est le plus beau fleuron de la famille de « commerce ». A mon avis, nous nous devons les uns et les autres un grand Merci.

 

D'une bénévole débutante au CPU
Cela m'apporte: une connivence avec les étudiantes, car j'ai été moi-même étudiante dans plusieurs pays étrangers une possibilité de découvrir les perceptions de jeunes venant de pays inconnus sur leur propre pays et sur le nôtre un double échange, intergénérationnel et interculturel.

 

De Monique :

Rencontrer régulièrement des personnalités différentes de par leur parcours, retrouver en chacun un coin du monde, avoir leur confiance pour oser, et « décortiquer » cette langue parfois si étonnante, difficile, mais aussi si appréciée, participe à mon engagement et à mon plaisir. Monique Conversation française

 

D'Olivier :

Accompagner des étudiants étrangers, c’est un voyage loin sans aller loin. J’ai enfin découvert un peu la Chine, l’Iran, l’Indonésie, le Brésil, l’Ethiopie, etc. Parfois le voyage était trop court, l’étudiant devant repartir. Le voyage s’approfondit quand la conversation se complète de mails, lettres, mémoires, ou thèse, à regarder. L’intérêt de l’écrit est que ça oblige davantage à comprendre, du coup j’interroge. Une lenteur à comprendre peut être signe d’un voyage culturel plus profond à faire : mon intelligence, ma façon de parler ou de comprendre, sont en fait marquées culturellement, la leur aussi, invitation à la Rencontre avec un grand R, patiente, laborieuse parfois, entre petit découragement et relances ! … Des images sont chahutées : je pensais par exemple être peu attiré par la Chine, et finalement si, il y a de la vie, de l’humain, du beau, des soifs, à découvrir patiemment. Et pareil pour tous pays, dès lors qu’un voyage intérieur commence à s’opérer avec ce cadeau qui m’est donné et qui s’appelle : Rachid, Aris, Latifah, Roberta, Laerte, Hyewon, Mohamed, Hamid, Jaber, Elisabetta, Elfnesh, Lina, Sandra, Rawad, Nawar, Yuwa, Thuy, Yaxin, Yuan, Sidjing, Yang, Xinhe, et d’autres !

 

De Marie-Christine :

Accompagner des étudiants étranger m’ouvre l’esprit à la différence, aux autres cultures et surtout relativise « notre supériorité nationale !!»bien française. Cela me remet en question sur mes façons de voir les autres pays, la famille, les études …Toucher de près ce que vit un étranger arrivant en France, totalement étranger à notre culture et les efforts qu’il doit faire pour s’adapter. Cela m’amène à être attentive à eux. Bref, cela me permets de sortir de mon petit cocon et d’être en prise avec le monde. Marie-Christine.

 

 

De Cyrielle
Bénévole depuis un mois, j'aperçois les différentes nuances possibles de ce qu'"accompagner" signifie. Nous  pouvons, en classe, apprendre et échanger tellement d'informations, de connaissances que cela est bénéfique pout les deux parties. Accompagner un élève nous rend responsable de son apprentissage et de ses connaissances culturelles. Je qualifierai l'enseignement comme un partage. J'aime faire découvrir de nouvelles choses à mes élèves. Je trouve également intéressant que les étudiants m'apportent des informations culturelles et historiques de leur pays. Partager ses opinions, apprendre les différents modes de vie et enseigner la langue française est tellement instructif. La meilleure reconnaissance possible pour un professeur est la gratitude et l'accomplissement de ses élèves.

 

D'un bénévole d'origine étrangère

La grâce d’être bénévole au CPU. Je retrouve en ces étudiants étrangers du monde entier ce qui est au fond de chaque homme. On n’est pas si différent finalement. On a les mêmes aspirations de vie, d’épanouissement, de savoir. Bien sûr qu’il y a des différences culturelles, mais elles nous enrichissent grandement. Nous y découvrons que nous pouvons vivre dans la même maison (comme le dit le Pape François). Ces différences sont ce qui manque en nous-mêmes et c’est une grâce d’y avoir accès. Étranger moi-même dans ce pays, ça m’aide beaucoup à les comprendre.

 

De Josyane
Voici seulement un an que je découvre le CPU mais combien de découvertes grâce aux étudiants que j’y rencontre à l'occasion de l’apprentissage de la langue française. Mon oreille, mes yeux, mon intelligence et mon cœur se font plus attentifs aux nouvelles que je peux trouver concernant leurs pays d’origine : l’Algérie, la Pologne, le Moyen Orient, la Corée du Sud, l’Indonésie… et la Chine, un continent ! Je suis en Indonésie avec Amir et ses études d’Urbanisme, il veut participer à la reconstruction de ce pays détruit par le tsunami. Je suis en Irak et dans la plaine de Ninive où Mélad a dû abandonner son métier et ses biens. Et notre petit groupe vit un moment en Pologne, lorsqu’Adriana revient du pays et nous rapporte des gâteaux faits par sa maman ! Au fil des mois, je me réjouis de voir avancer le projet de formation de Yoon, il est accepté dans l’université d’une autre ville où il avait postulé. Les entendre parler de leur expérience en France m’aide aussi à changer mes lunettes sur mon propre pays !

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