La place de l'art dans ma vie...
Réponse des bénévoles

de Geneviève

Je me souviens que du temps lointain où j'étais jeune, on nous inculquait un complexe face aux œuvres d'art. Pouvait-on faire un beau dessin ou écrire un joli poème alors qu'au même âge, Léonard de Vinci et Verlaine étaient déjà des génies ? Et seule la musique classique était de l'art ... L'art était très lointain, réservé à une élite ou à une classe sociale.
Puis je fus professeur des écoles : j'ai dû, en maternelle ou en primaire initier les enfants à la peinture, à la musique, à la poésie…. etc., en participant très activement à ma propre formation.
J'ai parfois exercé dans des classes "difficiles", avec des enfants "peu scolaires" ; c'est par le théâtre et la musique (orchestre) qui obligent à travailler ensemble, avec plaisir, rigueur et discipline que j'ai pu mener ma tâche. Des pépites de toutes ces qualités ont alors rejailli sur leur travail purement scolaire. Ce sont mes plus belles réussites pédagogiques.
Ma génération, au contraire de la précédente, a encouragé chacun à s'exprimer et aussi a eu à cœur de lui donner une culture en fréquentant les œuvres d'art. Car cette culture est une ouverture d'esprit, une ouverture à la sensibilité personnelle et universelle, c'est également un encouragement à quitter sa médiocrité pour aller vers plus de perfection, de communication et ainsi élargir son admiration pour la vie.

Aristote, a écrit :"l'art, c'est la joie des hommes libres ". Grâce à ou plutôt au delà de cette culture, maintenant que je suis retraitée, c'est le côté mystérieux et magique de l'art- sans frontières ni préjugés- qui m'impressionne.

De James
Pour moi, bénévole, l'art est le piment de la vie.

De Camille
La musique occupe une grande place dans ma vie personnelle, j’en écoute énormément pour travailler - je ne parviens pas à apprendre mes leçons en silence - et pour faire du sport. Je suis une grande passionnée de gymnastique acrobatique et danse irlandaise, pratique moi-même cette seconde activité et ai été séduite p
ar la liaison très harmonieuse de l’art et du sport dans ces deux disciplines. J’ai également toujours aimé écrire et lire, et consacre donc à l’art littéraire plusieurs heures par semaine ! Cela représente un sujet de conversation inévitable avec mes parents et certains de mes amis, donc un facteur certain d’inclusion sociale pour ainsi dire ! Ma famille a toujours tenu à me faire visiter des musées et sites culturels, les arts picturaux ont donc toujours faire partie intégrante de ma vie et de mes découvertes. Enfin, mon père étant peintre, j’ai toujours vécu avec l’odeur des pigments dans notre appartement, l’art est donc tout autant important pour mon univers odorant !

De Martine
L’Art a toujours eu sa place dans mon histoire familiale et personnelle. Dans la famille de ma grand-mère maternelle il y avait sûrement une prédisposition pour la peinture : une de ses cousines a eu le Prix de Rome (équivalent du Prix de la villa Médicis aujourd’hui), une autre savait parfaitement dessiner et peindre. Ma grand-mère, elle-même savait peindre, comme en témoignent les deux ou trois tableaux que j’ai chez moi.. Mon père avait commencé des études d’architecture interrompues par la guerre et était passionné par la photo- virus qu’il m’a transmis puisqu’à l’âge de 7 ans je faisais mes premières photos. Il jouait aussi du piano et son père avait appris le violon dans son enfance. La musique a eu une incidence importante dans ma vie puisque j’ai fait la connaissance de mon mari à 17 ans, en allant écouter la Tétralogie de Wagner à l’Opéra de ma ville natale. Mes deux petites-filles et ma nièce sont toutes les trois douées pour le dessin et ont le sens des couleurs, une de mes petites-filles parle même d’être styliste : la relève artistique est assurée…

De Pierre

Il faudrait d’abord définir ce qu’est l’art. Si je pense spontanément aux sept arts fondamentaux -qui formeraient un immense sujet à traiter-, j’ai envie d’en ajouter un huitième : l’art de vivre. Pour le chrétien que je suis, cela me fait spontanément penser aux sept jours de la création qui sont incomplets, de fait, si l’on n’ajoute pas, à la suite des Pères de l’Eglise, le huitième jour, celui de la Résurrection du Christ.
L’art m’accompagne tous les jours de ma vie. Je vais au théâtre et à l’auditorium, je pratique le chant choral avec Mozart et Bach, je contemple la Pieta et Guernica, mais je pourrais vivre, je crois, sans visite d’expositions, sans CD, sans cinéma, sans concert… A contrario, je ne pourrais pas vivre sans la littérature d’un côté et, de l’autre, sans m’imprégner des paysages naturels que je découvre en montagne. Est-ce alors l’expression de l’art divin dans toute sa pureté, dans toute sa nudité, dans toute sa perfection, art que je retrouve dans le dépouillement d’une église romane où mon âme s’échappe ? Cela me pousse à perfectionner tous les jours mon art de vivre !

D'Yvette
L’art a toujours eu une place de choix dans ma vie. Enfant, j’aimais l’ambiance des peintres du Vieux port à Marseille, amis de mon père car celui-ci, dans l’alimentation, leur faisait souvent crédit. Un seul est devenu célèbre !
Par ailleurs mon grand-père, organiste et ma mère pianiste pour son plaisir mettaient de la joie dans ma vie d’enfant.
Au gré de mes voyages, j’ai aimé découvrir les peintres et leurs oeuvres.
Récemment je suis allée à Saint Hughes en Chartreuse et j’ai pu grâce à un jeune guide passionné d’Arcabas vibrer à cette peinture avec des airs de Picasso mais qui nous fait entrer à sa manière dans l’histoire de l’Art Sacré. Arcabas a fait ses premières peintures dès 1962 jusqu’en 1990 dans ce musée contemporain. On y trouve sur ces dernières toiles un éclatement de couleurs mais aussi une manière très particulière de dessiner ses personnages. Ma connaissance un peu approfondie de la Bible m’a permis de goûter encore plus son approche originale d’une Parole divine flirtant avec des scènes du quotidien.

D'une bénévole
Après toute une vie professionnelle dans les ressources humaines et la psychologie, je me recentre et m’adonne à fond à la photo et la peinture. J’ai suivi des cours à l’Université tous âges sur les rapports peinture-photo et sur l’histoire de la peinture. Ma formation de psychologue m’apporte beaucoup pour la photo : elle me donne un sens de l’observation particulier, une attention aux détails et la patience d’attendre le bon moment pour capter une expression lorsque je fais des portraits. La pratique de la peinture et de la photo a aussi une fonction thérapeutique : elle m’apporte l’apaisement, me ressource et me fait oublier temporairement mes soucis dans les moments très difficiles de l’existence.J’essaie de développer mon propre style photographique et pictural, chaque art apportant quelque chose à l’autre. Certaines photos sont une source d’inspiration pour mes tableaux et des photos prises à des vitesses lentes ressemblent à des tableaux. Le chemin est encore long pour atteindre la maturité artistique mais au seuil de la vieillesse l’idée de laisser une trace n’est pas pour me déplaire….

 

De Bernard
L'art ou la vie ? Il faut choisir,  me semble-t-il, comme nous le suggère subtilement le dessin de Sempé.
Car l'art ou les "beaux-arts" nous proposent des représentations de la vie et non la vie elle-même.  Ne vous arrive-t-il pas, - comme il m'arrive de temps à autre -, de vous laisser prendre par les personnages, les scènes ou les climats romanesques que nous présentent les romans, les films, la peinture, la musique etc. au point d'oublier de vivre votre propre vie ?  Dans sa Lettre à d'Alembert sur les spectacles, Jean-Jacques Rousseau soulignait déjà combien le théâtre pouvait distraire (au sens pascalien) les hommes de leurs devoirs et promouvoir le mensonge et l'immoralité en vue de plaire au public.
Mais, me direz-vous, on peut être soi-même acteur ou auteur de peinture, musique, théâtre, en étant peintre, photographe, cinéaste, violoniste, écrivain, danseur…  au lieu d'être simplement spectateur, auditeur ou lecteur ? Dans ce cas, n'est-on pas dans la vraie vie ?
Un autre travers peut alors nous guetter que Dali, dans son langage imagé, appelait "le catamorphisme pulsionnel", c'est-à-dire la projection de soi pour nous donner en représentation, ce qui nous fait de nouveau basculer dans le paraître, voire la mondanité.
Diable! quel pessimisme pour un bénévole du CPU allez-vous penser ! Pas tout à fait, car s'il est bon de prendre conscience de ces points de vue, on peut cheminer entre ces écueils pour que la contemplation des œuvres d'art et la pratique artistique nous transforment intérieurement, enrichissent notre regard sur le monde et nous conduisent à mieux vivre notre propre vivre.
C'est ce que j'essaie de faire, sans toujours réussir (!), en m'intéressant à la littérature, la peinture, le cinéma, la BD, ou l'architecture…

 

D'Olivier

Dans l'ennéagramme, il paraît que je suis un "4", donc avec un petit côté créatif. L'art est le fruit d'un langage qui se cherche : j'entends, je perçois, je sens, ça me touche, le recevoir est un combat. Que faire de tout ce réel qui s'offre à éprouver ? L'art est un recours pour le recevoir et y donner une réponse. Il y a eu le piano, mais maintenant non, ça demanderait trop d'assiduité. Il y a la musique à écouter, le chant à marmoner. Il y a l'art déjà tout réalisé : la montagne, les paysages, un beau village, des couleurs d'automne ; la photo, à ses heures, vient goûter tout ça, pour le redonner autrement, avec un message, un commentaire. L'art, c'est un moyen d'écouter et de dialoguer avec la vie : un écrit, une homélie parfois, un poème, un dessin, un montage sur l'ordinateur, un regard, tout ça est de l'art. Pour la photo, l'art passe par un jeu de distances, se rapprocher, changer d'angle, s'éloigner, par rapport à l'objet contemplé pour être redonné... Olivier

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