Pour les bénévoles, une famille, c'est...

de Geneviève
Une famille, c'est à la fois un cadre juridique et une niche écologique. C'est dire son incidence énorme sur la façon de penser des individus, leurs valeurs . Quand on voyage, c'est une des choses les plus intéressantes à observer.
Beaucoup de pays ont une organisation clanique : tout un groupe, pas seulement lié par le sang, dépend économiquement et donc autoritairement d'un(e) chef de famille. Un individu qui ne s'y soumet pas prend le risque de se faire exclure...ou parfois même de se faire tuer car aucune société y compris la nôtre, n'accepte facilement qu'on puisse ébranler ses bases vitales.
Les jeunes et leur désir d'émancipation, avec le soutien de leurs pairs, sont confrontés à ce système ce qui explique, à mon avis, beaucoup de conflits familiaux ou politiques. Les sociétés évoluent au fil des générations avec douleurs et grincements de dents mais pas à la même vitesse.
(C'est pourquoi je pense que la démocratie, familiale ou politique, n'est pas applicable universellement, sans transitions).
J'ai vécu cette période de transition à titre personnel :
Je me suis mariée à 22 ans et j'ai eu rapidement deux enfants pour faire comme beaucoup de jeunes de mon âge dans les années 70 en France. Car nos familles et les institutions publiques et religieuses nous y incitaient. Nous étions, bien sûr, d'accord, mais nous avions pris soin de choisir un amoureux, futur conjoint agréé - ou plutôt non explicitement rejeté - par nos parents et surtout qui avait la même envie de fonder une famille et capable de l'assumer dans le futur.
Quant à mon choix de travailler auquel je me suis accrochée pour garder une certaine autonomie sociale, financière et intellectuelle, j'ai été soutenue par mon époux. Ma fierté actuelle est d'avoir tenu bon malgré les déménagements dûs aux changements de lieux de travail de mon mari (travail qui a toujours prévalu comme c'était l'usage à l'époque).
Dans leur couple et leur travail, nos enfants vivent maintenant une réalité égalitaire entre les deux sexes. Leurs propres enfants s'opposent assez peu à leurs parents pour trouver leur autonomie. Ils vivent dans un contexte différent, mais le challenge est le même : c'est être capable de résoudre les problèmes que pose la vie à une période précise.
A l'heure du bilan, je pense que les obligations morales envers la famille et la société ne s’arrêtent qu'avec la perte des capacités à les assumer. J'observe avec humilité que la réussite du projet a été très près de l'échec et a nécessité beaucoup de chance, mais aussi du courage, de la persévérance, de l'écoute et beaucoup, beaucoup de souplesse !
Ainsi, tout en gardant à l'esprit que je suis une privilégiée, je suis fière, comme beaucoup d'autres, que nos enfants et petits-enfants soient capables d'être heureux et responsables et que notre maison soit agréable et accueillante pour chacun.
de Jean-Claude
"La première de toutes les sociétés, et la seule naturelle, est la famille". L'affirmation n'émane pas d'un catho attardé et réac, mais de Jean-Jacques Rousseau dans "Le Contrat social", ouvrage où Rousseau s'efforce d'évacuer toute "nature" de nos liens sociaux, pour n'y voir que des conventions, c'est à dire des contrats quelque peu arbitraires et réversibles. Certes, "nature" ici ne fait que renvoyer à la nécessité biologique d'un homme et d'une femme pour donner naissance à un enfant, et de la famille durable pour lui assurer le support nécessaire aux premières années de sa vie. Il est pourtant probable qu'il y avait des homosexuels au XVIII°siècle, du temps de Rousseau, que l'adoption existait, mais même Rousseau n'imagine pas que cela puisse ou doive être "mariage" et "famille". Sans être chrétien et encore moins catholique, Rousseau ne fait ici que raisonner sainement, sur la base des évidences "naturelles". Et même s'il faut aujourd'hui prendre en compte les possibilités apportées par les technosciences, on n'a toujours pas inventé d'enfants nés de deux homosexuels. C'est dire simplement que hors de ce constat, on n'a que des simulacres, et même des mensonges. Et la "bénédiction" d'un Maire ou de l'Etat, ou les tripatouillages d'un laboratoire-usine n'y changent rien. Nos affections, nos désirs, nos passions peuvent prendre bien des formes, qui peuvent être très respectables, mais ne s'appelle "amour" que celle qui lie un homme et une femme dans un engagement d'éternité, pour le meilleur comme pour le pire, dans un accueil et un don de la Vie. Cet engagement est pour les chrétiens, sacrement.

de Pierre
Quelle est ma conception de la famille ? Elle est très classique ! La famille constituée d'un homme et d'une femme, et le plus fréquemment d'enfants, est la cellule de base de toutes les sociétés, à quelques exceptions près trouvées par les anthropologues et les sociologues dans de rares sociétés primitives. Elle est un gage pour l'avenir de l'humanité. Elle est le lieu de l'apprentissage des premiers pas dans la vie, de la sociabilité, de la solidarité et de l'attention aux autres.
Ayant deux enfants mariés qui ont, pour l'un quatre enfants, et pour l'autre six enfants, je ne peux que dire ma confiance dans la vie et mon amour de la jeunesse qui est notre avenir. Lorsque la famille est niée - comme par exemple dans les pays communistes - c'est la barbarie qui est de retour !
Quel est mon projet et son importance ? Qu'est-ce qui peut motiver un homme de 76 ans ? Mon projet est d'aider les personnes de mon environnement. Mes enfants et petits-enfants d'abord... Mais je considère que je fais partie d'une famille humaine qui ne se limite pas à ma famille biologique. Et, comme je suis privilégié depuis ma naissance en 1939, je désire apporter ma contribution au bonheur que cherchent souvent en vain tant de mes concitoyens et travailler à l'amélioration de leur vie dans toutes les dimensions. J'apporte aussi sans me forcer mon optimisme congénital à ceux que je vois déstabilisés ou même écrasés par les difficultés de leur vie. Et ceci n'est jamais fini ! Il est ainsi normal que je sois toujours insatisfait puisque je considère que "lorsqu'on n'a pas tout donné, on n'a rien donné". Les principes du petit louveteau ou du petit scout que j'ai été ne sont donc pas à jeter aux orties ! La B.A. est toujours d'actualité! Chaque matin donc, je me dis en me levant que j'essaierai d'être plus généreux, attentif et attentionné que la veille.

de Suzanne
La famille, c’est l’apprentissage de l’amour entre des personnes que le destin a réunies, le destin étant fait de hasards, d’attraits, de sentiments, de transmission de gènes, d’intérêts…, chacun de ses composants agissant plus ou moins selon les contextes, dans l’espace et le temps. La famille nous apprend à vivre des relations de proximité. Elle apprend aux parents à donner à leurs enfants les moyens (psychologiques, émotionnels, intellectuels, culturels, socio-économiques) de grandir et de devenir des citoyens. Elle apprend aux enfants à devenir eux-mêmes dans l’exercice de la dépendance et de l’autonomie, de la quête d’amour et du respect des autres, du besoin de protection et du besoin de liberté… Nos comportements sont en société ceux que la famille a façonné, nous laissant chaque seconde, notre part de liberté et de responsabilité : « je suis ce que j’ai fait de ce que l’on a fait de moi ». La famille porte en elle, quelle que soit sa composition, le pire et le meilleur, comme toute société. Cela dépend de tellement de facteurs, conscients ou inconscients, dans les intentions, les sentiments, les paroles et les actes, des personnes qui la composent. Pour que l’amour règne, cela demande une attention à plein temps….. J’ai mis beaucoup de temps pour ne retenir que le meilleur, et le meilleur m’est indispensable.

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